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Comment connaissons-nous Dieu?

Comment connaissons-nous Dieu est une question de grande importance, car elle nous permet de nous interroger non seulement sur la connaissance que nous avons de Dieu, mais aussi sur la source de cette connaissance. La réponse la plus simple est que nous connaissons Dieu par la manière dont Il se révèle. Cela implique que la connaissance que nous avons de Dieu n’est pas une construction purement humaine résultant d’une quête de transcendance, mais de la volonté libre et délibérée de Dieu de se faire connaître. La révélation signifie littéralement “dévoilement”, “mise à nu” ou “divulgation” de quelque chose de caché auparavant[1] 

gustave doré, vintage, biblical-5078610.jpgEn général, les théologiens se réfèrent à deux types de révélation : la révélation générale et la révélation spéciale. La révélation générale s’explique par le fait que Dieu se fait connaître à travers la nature, la conscience humaine et l’histoire (Psaumes 19 :1 ; Romains 1 :18-32). La révélation spéciale désigne la Bible et Jésus-Christ comme deux modes particuliers de révélation dont Jésus est l’ultime. Ces deux types de révélation montrent tout d’abord que Dieu s’est révélé de manière progressive. Ils sont donc complémentaires et toujours pertinents. Ils doivent tous les deux être pris en compte dans notre analyse de la connaissance que nous avons de Dieu. Négliger l’un au profit de l’autre serait une erreur grave qui limite ou fragmente la connaissance de Dieu, même si la révélation spéciale semble plus complète.

Par rapport à la définition du concept de révélation, nous pouvons cependant nous interroger sur l’aspect caché de Dieu. Si Dieu s’est révélé à travers la nature et la conscience ou même l’expérience personnelle, d’une manière ou d’une autre et selon le contexte et l’individu, Dieu s’est-Il vraiment caché ou est-ce plutôt l’humain qui n’a pas compris sa révélation ? Ainsi, le concept de révélation évoque l’idée de connaissance. Dieu se révèle pour être connu ou simplement pour avoir une relation avec l’être humain. C’est Son initiative. C’est ce que Migliore appelle l’auto-révélation de Dieu pour expliquer que la révélation vient à nous plutôt que de nous.  Ainsi, la révélation de Dieu aux humains a non seulement un but, mais aussi des conséquences.

Migliore soutient:

La connaissance de Dieu dans la tradition biblique ne signifie pas simplement une information sur l’un des innombrables objets dont nous pouvons reconnaître l’existence avec plus ou moins d’indifférence. La révélation apporte plutôt une “connaissance salvatrice”, une connaissance qui a une influence décisive sur le sens, la plénitude et l’accomplissement de notre vie en relation avec Dieu et les autres.

Maintenant, la connaissance de Dieu rend-elle l’être humain maître de la révélation dans le sens d’une manipulation de Dieu ? En d’autres termes, la révélation de Dieu est-elle complète dans le sens d’une connaissance infaillible et absolue de Dieu ? C’est ici qu’intervient la doctrine de l’incompréhensibilité de Dieu. Wayne Grudem écrit:

La doctrine de l’incompréhensibilité de Dieu signifie que nous ne pourrons jamais en savoir “trop” sur Dieu, car nous ne serons jamais à court de choses à apprendre sur lui, et nous ne nous lasserons donc jamais de nous réjouir de découvrir toujours plus de son excellence et de la grandeur de ses œuvres.[2]

La connaissance de Dieu ne le rend pas moins mystérieux. Migliore l’exprime en ces termes :

Dans l’auto-révélation de Dieu, Dieu est devenu identifiable, mais il n’est jamais pleinement compréhensible. Même dans la révélation,  précisément dans la révélation, « Dieu ne cesse jamais d’être un mystère, il ne cesse jamais d’être “plus” que ce que l’être humain peut penser ou dire. Dieu reste toujours libre et, en ce sens, toujours caché dans la révélation. Ceci est exprimé de manière vivante dans de nombreux récits bibliques.

Cependant, dans la connaissance de la révélation de Dieu, les êtres humains chargés de la comprendre et de l’interpréter en font souvent un mauvais usage en la tordant pour servir leurs propres intérêts, au point d’approuver et d’alimenter des systèmes immoraux tels que l’esclavage, l’apartheid en Afrique du Sud et le génocide au Rwanda en 1994.

La révélation de Dieu appelle une réponse humaine et la responsabilité de vivre en conséquence, c’est-à-dire un appel à un renouvellement de son intelligence (Romains 12 :2) et à une vie transformée. Par conséquent, la connaissance de Dieu est fascinante, surprenante et parfois effrayante. C’est dans ce contexte que Migliore affirme :

La révélation signifie toujours l’activité surprenante, inattendue, scandaleuse de Dieu. L’évangile du Seigneur crucifié constitue une “révolution permanente” dans notre compréhension de Dieu, du monde et de nous-mêmes. »[3]

Puisque Dieu est constamment à l’œuvre dans l’univers, notamment dans la création et l’histoire humaine, malgré la fermeture du canon biblique, nous pouvons dire que la révélation de Dieu n’est pas terminée. Malgré les limites de notre connaissance de Dieu, nous en savons assez pour vivre selon la volonté de Dieu. Nous connaissons Dieu parce qu’Il a choisi de se faire connaître à nous afin de construire une relation avec nous et de répandre cette connaissance sur la terre. Ce n’est pas une possession ou un accomplissement, mais un privilège et une responsabilité. C’est pourquoi Paul et Pierre nous appellent à croître dans notre connaissance de Dieu (Colossiens 1:10 et 2 Pierre 3:18), ce qui est loin d’être une simple maîtrise de certains faits concernant Dieu et ses actions. Comme l’affirme Wayne Grudem, le fait que nous connaissons Dieu lui-même est encore démontré par la réalisation que la richesse de la vie chrétienne inclut une relation personnelle avec Dieu.[4]


[1] Daniel L. Migliore, Faith Seeking Understanding: An Introduction to Christian Theology (3rd ed). (Eerdman’s, 2014), Scribd, p. 61/926

https://fr.scribd.com/read/482218540/Faith-Seeking-Understanding-An-Introduction-to-Christian-Theology-third-ed

[2] Wayne Grudem. Systematic Theology: An introduction to biblical doctrines (Michigan, Grand Rapids:  Zondervan, 1994), p.178

[3] Ibid., P.81/926

[4] Wayne Grudem, p.180

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