Quel aurait été le sort des autres peuples de la terre si toutefois le peuple juif avait reconnu et accepté la messianité de Jésus, Celui qu’Il attendait avec tant d’impatience depuis plusieurs siècles ? Le rejet d’Israël est-il définitif ? En choisissant Israël comme son peuple, Dieu faisait-il preuve de racisme et d’hostilité vis-à-vis des autres peuples ? Sur quelle base a-t-Il choisi Israël ? En quoi consistait sa mission ? Quel rapport Dieu entretenait-Il et continue-t-Il à entretenir avec les autres peuples du globe ? Le plan de rédemption était-il universel ou sectaire ? Voilà autant de questions auxquelles nous devons répondre pour mieux cerner la mission de l’Église dans le monde.
De la localité à l’universalité
Il est tout à fait impossible de comprendre le message du salut sans remonter à la chute de l’homme en Éden et à l’histoire du peuple Juif. Éden constitue le point de départ de la grande histoire. Loin d’être un conte de fée, la chute de l’homme en Éden a ouvert la voie au début d’exécution du plan de rédemption de Dieu. Sans avoir occasionné sa chute, Dieu a décidé d’intervenir pour corriger la trajectoire mortelle qu’a empruntée la race humaine en désobéissant volontairement à sa règle prohibitive.
Dieu n’a pas révélé tous les détails de son plan d’un seul coup. De manière progressive, l’histoire s’acheminait en rassemblant toutes les pièces du puzzle. Alors qu’elle poursuivait sa course au cours des siècles, un homme du nom d’Abram, devenu plus tard Abraham, entra en scène. Car pour accomplir le plan de rédemption, Dieu avait besoin non seulement du ciel mais aussi des hommes. Issu d’Ur, en Chaldée, de la Mésopotamie, l’appel d’Abraham se résume ainsi (Genèse 12 versets 1 à 3 ; 17 verset 5) :
1 L’Eternel dit à Abram : Va-t’en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. 2 Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai : je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction.3 Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. 17.5 On ne t’appellera plus Abram ; mais ton nom sera Abraham, car je te rends père d’une multitude de nations.
Les dimensions de la promesse faite à Abraham
La promesse de Dieu faite à Abraham comporte multiple dimension : personnelle, familiale, tribale, nationale et universelle. L’appel d’Abraham était de nature missionnaire. Il était en mission pour Dieu et avec Dieu dans la perspective d’abord de constituer un peuple et ensuite d’accomplir le plan de rédemption, conformément à la première prophétie y afférant consignée dans Genèse 3 verset 15.
La constitution du peuple hébreu est particulière. Parmi tous les peuples qui existaient d’alors, Dieu a jeté son dévolu sur un peuple qui n’était même pas encore formé. Dans Deutéronome chapitre 7 versets 7 et 8, Dieu explique sans langue de bois au peuple d’Israël qui s’apprêtait à entrer dans la terre promise que son choix est essentiellement motivé par son amour pour lui et sur sa fidélité à tenir la promesse qu’Il a faite aux patriarches.
Israël devait constamment garder en mémoire, de génération en génération, que son choix n’était pas basé sur le mérite, l’influence et la performance. Donc, les Juifs n’avaient aucune raison de se glorifier et de regarder les autres peuples de travers.
C’était un privilège immense pour Israël d’avoir été choisi comme étant le peuple de Dieu. Les fameux versets 19 et 20 du chapitre 147 du livre des Psaumes font partie des versets les plus significatifs de la Bible. Ils nous disent :
19 Il révèle sa parole à Jacob, ses lois et ses ordonnances à Israël. 20 Il n’a pas agi de même pour toutes les nations, et ils ne connaissent point ses ordonnances. Louez l’Eternel !
Bien que les autres peuples eussent une certaine révélation de Dieu, comme par exemple à travers la nature, Israël quant à lui avait l’heureuse grâce d’être en connaissance des lois de Dieu.
Cette révélation spéciale de Dieu rendait son appel fabuleusement unique. Comme il n’y a pas de privilège et d’alliance sans responsabilité, quel rôle Israël devait-il jouer dans l’histoire du salut relativement à la révélation qu’il avait en sa possession ?
Le rôle d’Israël dans l’histoire du salut
Dans Esaïe 49 verset 6, le rôle que devait jour Israël est ainsi formulé :
Il dit : c’est peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et pour ramener le reste d’Israël : Je t’établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu’aux extrémités de la terre.
Rétablir la dignité d’Israël en rassemblant les tribus de Jacob n’était qu’un moyen, mais pas la finalité. Être la lumière des nations en portant le message du salut était la mission principale, la finalité. Israël devait non seulement vivre en conformité avec les lois exclusivement révélées de Dieu, mais être son ambassadeur. Il était le miroir dans lequel les autres nations devaient voir le Dieu qu’elles cherchaient en tâtonnant.
Dans un format prophétique, la grande vision de Dieu en choisissant Israël se résume dans le Psaumes 22 versets 28 et 29 :
28 Toutes les extrémités de la terre penseront à l’Eternel et se tourneront vers lui ; toutes les familles des nations se prosterneront devant ta face. 29 Car à l’Eternel appartient le règne : Il domine sur les nations.
Deux remarques sont à faire dans ces deux versets. D’une part, la finalité de la révélation de Dieu est l’adoration des nations de la terre. D’autre part, toutes les nations sont sous la domination souveraine de Dieu. Aucune n’échappe à son contrôle ; aucune n’est exclue de son grand plan.
L’un des cas frappants illustrant la globalité de l’appel d’Israël se trouve dans le livre de Jonas. Dieu demanda à Jonas d’aller à Ninive pour proclamer ses oracles. Les habitants de ce pays qui vivaient dans la rébellion contre Dieu n’avaient pas le privilège dont Jouissait Jonas.
Piégé par son nationalisme, coupable dans ce contexte, Jonas voyait d’un mauvais œil la démarche de Dieu. Il ne comprenait ni la nature de Celui qu’il était censé représenter dans le monde ni la véritable nature de sa mission. Comme Dieu est inflexible devant les caprices des hommes, Il tenait à sauver le peuple de Ninive ; et c’est ce qui a été fait.
Savez-vous que, comme Jonas, il y a des chrétiens qui sont très hostiles à des nations sur la terre ? Il suffit d’écouter l’opinion de beaucoup d’entre eux sur le conflit Israélo-palestinien. Pour eux, tout ce que fait Israël est correct, les Palestiniens sont pour la plupart des terroristes, par conséquent ils ne méritent pas de vivre et d’avoir un État. J’ai beaucoup de respect pour la conviction et la position de toutes ces personnes. Mais souvent nous ignorons qu’il y a de loin plus de chrétiens palestiniens que de chrétiens israéliens ou juifs. Ne sont-ils pas aussi nos frères et sœurs ?
Notre hostilité face aux peuples arabes, au peuple américain, aux chinois ou à n’importe quel autre peuple du monde traduit tout simplement le côté flou et défectueux des lunettes missionnaires que nous portons. Quand Dieu regarde les peuples, Il voit un seul peuple avec tout simplement des diversités culturelles et sociales. Nous ne pouvons pas être sélectifs dans l’annonce de l’Évangile.
A un certain degré, malheureusement Israël passait à côté de sa mission. Il n’a pas reconnu le Messie quand Il le visitait. Avec la complicité, la jalousie et la méchanceté de ses élites religieuses, il l’a rejeté.1 Ce faisant, Dieu a décidé de changer de stratégie par la formation d’un autre peuple qu’est l’Église.
L’entrée en scène de l’Église
Apôtre Pierre a très bien saisi la stratégie de Dieu par la révélation de cette vérité (2 Pierre 2 verset 10) :
Vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, et qui maintenant êtes le peuple de Dieu, vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, et qui maintenant avez obtenu miséricorde.
L’Église, le nouveau peuple, ne remplace pas Israël. Israël reste Israël avec jusqu’à aujourd’hui des prophéties qui ne sont pas encore accomplies à son égard ; et l’Église reste l’Église avec le même mandat qu’avait Israël. A la seule différence, le mandat de l’Église consiste plus à faire des disciples sur toute la terre, tandis qu’Israël était plus dans la morale de son mandat à être un exemple pour les autres nations.
Déjà, dès sa genèse, l’Église incarnait la diversité ethnique et raciale. Actes 13 verset premier nous montre comment le board administratif de l’église d’Antioche était constitué :
Il y avait dans l’Église d’Antioche des prophètes et des docteurs : Barnabas, Siméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manahen, qui avait été élevé avec Hérode le tétrarque, et Saul.
Luc le médecin, en tant qu’historien hors pair, nous donne des détails et précisions très importants à prendre en compte en ce qui concerne non seulement les ministères exercés par ces chrétiens, mais sur leur origine. Il voulait montrer le côté universel du message que l’Église était appelée à répandre du point de vue de la forme et du fond. Le pasteur J.D. Greear clarifie mieux ce point :
(Saul) Paul et Barnabas étaient Juifs, Manahen était élevé chez le gouverneur Hérode. Simon appelé Niger, qui signifie noir, venait du Niger, en Afrique sub-saharienne. Lucius venait de Cyrène, appelé aujourd’hui La Libye. Ces cinq leaders venaient du Moyen-Orient, d’Asie, de la Méditerranée et d’Afrique.2
Lorsque nous considérons l’endroit de naissance de Paul, Tarse, nous pouvons ajouter le continent européen. Déjà, ces simples données nous montrent qu’un Africain peut s’identifier au christianisme comme religion traditionnelle au même titre qu’un Européen.
Fenêtre 10/40
Depuis le premier jusqu’au 21ème siècle, qu’est-ce Dieu a fait avec ce nouveau peuple ? Qu’est-ce qu’Il est en train d’opérer dans le monde ? Sans doute vous avez déjà entendu parler de la fenêtre 10/40. Pour vous rafraîchir la mémoire, voyons un peu l’historique du concept :
Pour aider le peuple chrétien à se faire une idée de besoins prioritaires, Luis Bush, directeur international du mouvement AD 2000 and Beyond (Plus de 2000 ans après Jésus-Christ), a créé le concept fenêtre de 10/40. Cette « fenêtre » fait référence à un cadre géographique qui s’étend entre 10 et 40 degrés de latitude nord et de l’Afrique du Nord, à l’ouest, à l’Asie, à l’Est.3
Le concept désigne des pays non encore atteints par l’Évangile. Selon Darrow Miller, 99 % des non-évangélisés parmi les pays pauvres vivent dans la fenêtre 10/40. Ils sont au nombre de 16. Ils représentent une population de 2.3 milliards d’habitants, soit 44% de la population mondiale. 16 % sont Musulmans, 31 % Hindous et 2 % Bouddhistes. Seulement 6 % de missionnaires sont dans ce bloc. Au total, les non-atteints les plus pauvres dans le monde se trouvent dans 19 pays4.
Comme vous pouvez le remarquer, beaucoup de ces pays sont musulmans ; ce qui signifie que même à travers le Coran où le nom de Jésus est Issah, les musulmans entendent parler de Jésus. Mais, imaginez-vous que seulement 6% de missionnaires, correspondant à 40 000 missionnaires selon Pasteur Greear, sont dans ce bloc culturel ? 90% des missionnaires vont dans des pays déjà atteints par l’Evangile.
Ces données devraient nous interpeller à revoir nos modèles et philosophies missiologiques et à être plus courageux pour fouler les contrées hostiles. Mais, Dieu ne cesse de travailler dans ce bloc.
La trinité est à l’œuvre
En 2013, Global Christianity a publié un très encourageant rapport basé sur des travaux de recherche réalisés par The center for the study of global christianity. Selon ce rapport, dans le top des 20 pays où le christianisme s’accroit le plus, 19 d’entre eux se trouvent en Afrique et en Asie. 11 sont des pays musulmans. Le christianisme gagne du terrain dans des pays hindous, non-religieux, ethno-religieux (Sud Soudan, Bénin), bouddhistes et musulmans. En d’autres termes, la majorité de ces pays se trouvent en Asie du Sud-Est, en Afrique de l’Ouest et dans la péninsule arabique. D’autres données soutiennent que d’ici 2050, le christianisme sera la religion principale du continent africain et de la diaspora africaine.
C’est étonnant de voir que dans ce top20, aucun de ces pays ne se trouve en Europe et en Amérique, à l’exception des Iles Turques et Caïques qui se trouvent aux Caraïbes. Toutefois, nous avons la conviction que Dieu est aussi à l’œuvre dans ces continents. En Asie, le cas de la Chine nous interpelle.
Depuis 1980, la Chine connait un taux de croissance de chrétiens de 7 à 8 % par année. Aux alentours de 2030, s’il se développe, au rythme où il le fait, 300 millions de chrétiens pourraient se trouver en Chine ; ce qui inquiète le Parti Communiste Chinois5. N’est-ce pas merveilleux ?
Alors que le continent européen et une bonne partie du continent américain, notamment l’Amérique du nord, se démarquent de plus en plus de la foi chrétienne, le mouvement missionnaire est en train de changer de phase.
Sur le continent africain, des missionnaires africains sont mobilisés et œuvrent dans d’autres pays africains. Dans d’autres pays du Sud, le mouvement missionnaire est aussi en marche ; ce qui n’était pas le cas aux 19ème et 20ème siècles. Le cas de la Corée du Sud en est un exemple phare. Un article publié en 2010 par Missions étrangères de Paris intitulé La présence missionnaire de chrétiens Sud-Coréens à travers le monde souligne :
La Corée du Sud est rapidement devenue la deuxième source de missionnaires chrétiens de la planète, moins de vingt ans seulement après avoir envoyé ses premiers missionnaires à l’étranger. Avec plus de 12 000 missionnaires à l’étranger, elle vient juste après les États-Unis et se place devant l’Angleterre. Les Coréens ont rejoint leurs collègues occidentaux dans plus de 160 pays, du Moyen-Orient à l’Afrique et de l’Asie centrale à l’Asie de l’Est, y compris les coins du monde les plus difficiles à évangéliser.6
La trinité est en mouvement. Du Brésil au Mexique, de la Colombie à la Corée du Sud, du Congo au Cameroun, une armée de soldats reste fidèle au poste pour vivre et partager l’amour du Christ. Tous ces pays faisaient partie du plan global de Dieu, et rien ne pourra stopper le mouvement.
Vous sentez-vous concerné par le mouvement ? Voulez-vous prier, supporter la mission globale, répondre à l’appel de Dieu et envahir les réseaux sociaux pour que le monde entier soit exposé à la vérité qui libère ? Souhaitez-vous finir vos vieux en chantant : Dois-je partir les mains vides pour le séjour éternel et quitter ces lieux arides sans une âme pour le ciel ? Il est encore temps d’éviter ce regret et de compter parmi cette foule innombrable décrite dans Apocalypse 7 versets 9 à 12 des personnes avec qui vous avez partagé l’Evangile, d’une manière ou d’une autre :
9 Après cela, je regardai, et voici, il y avait une grande foule, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l’agneau, revêtus de robes blanches, et des palmes dans leurs mains. ¹⁰ Et ils criaient d’une voix forte, en disant : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’agneau. ¹¹ Et tous les anges se tenaient autour du trône et des vieillards et des quatre êtres vivants ; et ils se prosternèrent sur leurs faces devant le trône, et ils adorèrent Dieu, ¹² en disant : Amen ! La louange, la gloire, la sagesse, l’action de grâces, l’honneur, la puissance, et la force, soient à notre Dieu, aux siècles des siècles ! Amen !
Pour que tout cela puisse se réaliser, Dieu a confié la mission à l’Église, à vous et à moi, mais non aux anges.
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Pensée essentielle à retenir : Quand Dieu regarde les peuples, Il voit un seul peuple avec tout simplement des diversités culturelles et sociales.
Question de réflexion : Etes-vous prêt à rejoindre Dieu dans son mouvement missionnaire dans le monde ? Sinon, qu’est-ce qui vous retient ?
Prière profonde : Dieu missionnaire, merci de ce que Tu es à l’œuvre dans l’histoire de l’humanité ! Tu ne cesses de veiller et d’accompagner fidèlement Ton peuple dans la propagation de Ton message dans le monde. Tu me fais honneur de faire partie de Ton peuple racheté, l’Église. Rends-moi digne de cet appel en me donnant plus de passion pour les âmes perdues. Aide-moi à saisir toutes les occasions qui se présenteront à moi dans l’accomplissement de la mission que Tu m’as confiée. Je refuse de quitter cette terre sans une âme pour le ciel. Fais naître d’autres soldats, de tous les continents, passionnés de l’Évangile et de sa cause dans le monde, notamment dans les pays non-atteints. Au nom de Jésus je T’en prie ! Amen !
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Notes et références
Cet article est extrait de l’ouvrage: Le mandat ignoré: Réflexions sur le mandat du chrétien dans le monde et l’existence humaine, disponible sur Amazon.
1. Jean 1 verset 12
2. D. Greear. Gaining by losing: Why the Future Belongs to the Churches that send, Edition Zondervan, 2016
3. Darrow Miller: Faites de toutes les nations mes disciples: Clés pour une réforme de nos sociétés, Éditions Jeunesse en Mission, Suisse, 2008, p.67
4. Ibid., p.68
5. Info chrétienne. 300 millions de chrétiens en Chine d’ici 2030 : « Les dirigeants ont peur de la croissance de l’Église » 22 décembre 2021
6. Missions étrangères de Paris. La présence missionnaire de chrétiens Sud-Coréens, 18/03/2010