Entre la mission globale (l’évangélisation) et l’adoration, laquelle est la finalité ultime de l’Église ?
Naturellement, les êtres humains sont des adorateurs. Quand ils n’adorent pas le Dieu Vivant et Vrai, le Créateur, ils adorent eux-mêmes. Ils deviennent pour eux-mêmes objet de culte. Quand il ne s’agit pas de nous, nous adorons des éléments et entités de la création, des philosophies et idéologies. Donc, au fond de nous s’inscrit en lettres indélébiles une dimension profondément spirituelle. La spiritualité étant inscrite dans notre ADN, nous sommes en quête de transcendance.
Du point de vue de la spiritualité, personne n’est neutre sur la terre. Voilà pourquoi existe dans l’univers une lutte acharnée pour votre âme. La lutte la plus remarquable de toute l’histoire de l’humanité, et surtout de notre siècle, n’est pas la lutte cybernétique, la lutte contre les menaces dangereusement nucléaires ou le terrorisme, mais c’est la lutte pour l’âme humaine. Pourquoi alors lutter pour votre âme ? Qui lutte pour votre âme ?
Le prix de votre âme
Votre âme est d’une importance capitale. Elle n’a pas de prix. L’être humain est unique et très spécial dans la création. Le Diable, depuis sa chute du ciel, lutte avec acharnement et sans répit pour votre âme. Il utilise tous les moyens possibles qu’il a en son pouvoir pour vous transformer en son adorateur. S’il a même osé tenter Jésus pour se prosterner devant lui en échange au pouvoir et à la richesse de ce monde, aucun individu n’est sorti de son viseur si subtil. Son dessein a toujours été d’avoir le plus d’adorateurs possibles pour son grand voyage dans la géhenne quand l’ordre actuel arrivera à son terme.
De l’autre côté, Dieu s’intéresse à votre âme. Il vous a créé pour son plus grand plaisir. Il est parfaitement au courant des ruses du Diable pour vous attirer dans son filet. Par conséquent, il est constamment à l’œuvre dans l’univers et dans l’histoire des hommes pour attirer l’attention de ces derniers sur son grand amour.
La réalité de la lutte pour l’adoration
Ben Naja nous décrit ainsi la lutte pour l’adoration :
L’élément fondamental de toute l’histoire de l’humanité est l’adoration. Depuis le jardin d’Éden, l’ennemi lutte afin d’obtenir cette adoration pour lui-même. Et depuis la chute de l’homme, dans la fausse adoration, Dieu recherche à nouveau la communion avec les hommes. Il leur propose de revenir à une vie de vraie adoration du seul vrai Dieu.1
La guerre spirituelle n’est pas un mythe, mais une réalité indéniable. Deux royaumes s’affrontent, l’un avec un pouvoir souverain et illimité, l’autre avec un pouvoir de nuisance asymétrique.
Quand une personne vient à Christ, elle est passée du monde des ténèbres, par conséquent du mensonge et de l’esclavage, au monde de la merveilleuse lumière, c’est-à-dire de la vérité et de la liberté. Même après ce passage, cette guerre se poursuit. L’ennemi de son âme n’a pas mis un terme à son œuvre qui consiste à dérober, égorger et détruire (Jean 10 verset 10). Au contraire, il est plus mobilisé que jamais pour tenter de sortir l’âme régénérée de la sphère d’adoration de Dieu. En nous invitant à la prudence, la Déclaration de Lausanne nous décrit la guerre spirituelle en ces termes :
Nous croyons que nous sommes engagés dans une lutte spirituelle constante contre les principautés et les puissances du mal qui cherchent à renverser l’Église et à l’empêcher d’évangéliser le monde. Nous savons qu’il faut nous revêtir de l’armure de Dieu et combattre avec les armes spirituelles de la vérité et de la prière. Nous discernons l’activité de notre ennemi, non seulement dans les fausses idéologies répandues dans le monde, mais encore à l’intérieur même de l’Église, dans les Évangiles falsifiés qui tordent le sens des Écritures et qui mettent l’homme à la place de Dieu. Nous avons besoin de vigilance et de discernement pour maintenir l’Évangile biblique.2
Toutes les tentatives pour falsifier l’Évangile ne visent que l’âme humaine, l’empêcher de découvrir la vérité et d’être adorateur de Dieu. Aux yeux de Dieu, vous avez une telle valeur qu’Il vous donne ce qu’Il avait de plus précieux, son Fils Jésus. Jésus ne veut pas que vous passiez à côté de son merveilleux plan.
Tandis qu’aux yeux de Satan, vous êtes un ennemi à abattre à tout prix. Il sait très bien tous les privilèges qui découlent de votre statut d’adorateur de Dieu dans cette vie et dans l’éternité. C’est bien dommage que beaucoup de gens ne comprennent pas cela.
En essence, la guerre spirituelle c’est une guerre pour l’adoration. Peut-être vous vous demandez pourquoi Dieu veut vous avoir comme adorateur. Souffre-t-Il d’un vide qu’Il cherche à combler ? Répondre à cette question n’est pas aussi simple.
Pourquoi Dieu nous veut comme adorateurs ?
Dieu n’a pas besoin de l’adoration pour vivre ou exister. Notre adoration ne fait pas de Dieu ce qu’Il est ou ce qu’Il n’est pas. Dieu existait avant toute chose. Il n’est la cause de rien. Il n’est limité ni par le temps ni par l’espace (la matière). Il vit en dehors du temps et de la matière. Par conséquent, Il est non seulement souverain, mais éternel. Il n’a aucun vide en Lui à combler. Il est autosuffisant.
En nous voulant comme adorateurs, Dieu ne fait non plus preuve d’égocentrisme. Il nous invite plutôt à partager l’amour parfait qu’Il vit dans la trinité. Il est relationnel. Il ne s’intéresse pas tout simplement à un acte d’adoration, mais à une relation d’amour pour laquelle Il nous a créés. L’adoration qui Lui est due n’est pas seulement une attitude de soumission, d’obéissance, de dépendance et d’humilité, mais une connexion à la source vitale.
Comme nous portons sa marque fabrique, son image, Dieu éprouve de la jalousie quand Il nous voit prosterner devant la nature ou Satan. Il ne veut pas que l’intimité exclusive qu’Il a voulu avoir avec nous soit partagée et souillée. Voilà pourquoi tout le sens de la venue de Jésus-Christ dans le monde c’est pour restaurer son image dans l’être humain. Il s’est engagé dans une quête d’adoration non violente. Car l’amour est bienveillant.
Devenir adorateur pour être en quête d’adorateurs
Tout le sens de l’existence humaine réside dans l’adoration. Dans ce contexte, quand l’image de Dieu en nous est restaurée par le sang de Jésus, nous entrons automatiquement dans la même quête que Dieu : chercher des adorateurs, ni plus ni moins.
C’est l’adoration que Jésus est venu restaurer de sorte que sa volonté soit faite sur la terre comme elle est faite dans le ciel. Seuls des adorateurs peuvent rendre possible cela. Voilà tout le sens de la mission de tout chrétien sur la terre.
Comme Paul, notre message consiste à supplier les hommes et les femmes de notre siècle à venir se réconcilier avec leur Créateur. C’est une invitation à l’adoration. Car en dehors de cette réalité d’adoration, l’être humain est voué à l’échec et à la perdition. Sa vie n’a pas de sens. La vie est en Dieu comme celle d’un poisson dans la mer. Augustin d’Hippone, dans Confessions, écrivit :
Comme l’a dit l’apôtre Paul, « en lui, nous avons la vie, le mouvement et l’être. » L’Ecriture dit encore : « Tout est de lui, par lui et pour lui. » Si toute chose a sa raison d’être en Dieu, comment le vivant peut-il vivre et le mobile se mouvoir en dehors de Dieu ? La plus grande misère humaine est donc d’être séparé de celui sans lequel il est impossible de vivre de façon vraiment humaine.
Tout ce que vous avez à faire comme chrétien est d’inviter les gens à venir se connecter à la source de vie comme adorateurs. Voulez-vous joindre votre voix à celle de Dieu qui, depuis en Éden après la chute, criait : L’homme, où es-tu ?
La grande fin
Quand nous parlons de la lutte pour l’adoration, nous devons voir Dieu comme un père aimant qui cherche à restaurer une communion brisée par le péché. Contrairement à Satan, Il n’utilise pas des ruses pour contraindre les humains à se prosterner devant Lui en leur offrant des pouvoirs et de l’influence. Il respecte scrupuleusement le libre arbitre de l’homme. Il ne veut entrer par effraction dans aucune vie. D’ailleurs, comme un bon gentleman, Il frappe gentiment à la porte du cœur de chacun (Apocalypse 3 verset 20). Ce qu’Il utilise plutôt pour attirer l’être humain à Lui est son Saint-Esprit.
Nous devons nous rappeler constamment que l’histoire de l’humanité n’est pas un ensemble de cycles interminables. Un jour elle touchera à sa fin. Au final, qui gagnera le combat pour l’adoration ?
La finalité de toute chose est la reconnaissance de la seigneurie de Jésus dans l’adoration. Dans Philippiens 2 versets 10 et 11, Paul écrivit :
10Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, 11et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le père.
La question n’est pas qui aura plus d’adorateurs au final, mais c’est plutôt qu’il viendra un temps où l’humanité reconnaîtra qu’Il n’existe qu’un seul Dieu digne d’adoration et de gloire.
L’invitation de Dieu à l’adoration à laquelle les chrétiens s’associent a comme public cible toutes les ethnies, toutes les tribus, toutes les langues, toutes les races et tous les pays de la terre. Toute personne humaine, où qu’elle se trouve sur la terre, a le potentiel de devenir adorateur de Dieu. Voilà pourquoi, la seule limite de la mission chrétienne dans le monde c’est là où il n’y a aucune âme à racheter.
Si aujourd’hui il y a pluralité de religions, d’idéologies et de panthéons de divinités, au final, la seule image d’adoration qui restera est la prosternation de la grande chorale de la race humaine rachetée par le sang de l’Agneau. Apôtre Jean (Apocalypse 5 verset 9), à qui la grâce a été accordée de visualiser un aperçu de l’ambiance, nous rapporte :
Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant : Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux ; car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation.
L’adoration ne passera jamais
Oui, il viendra un temps où on n’entendra plus les porte-voix des musulmans d’une part et la cloche des chrétiens d’autre part. Il n’y aura qu’une seule assemblée qui chantera dans la plus parfaite harmonie un cantique nouveau que personne n’a jamais joué et chanté. La lutte pour l’adoration sera enfin terminée. La mission chrétienne prendra fin. Mais l’adoration restera. Il est temps que l’Église parvienne à bien comprendre le sens et la finalité de sa mission. A Ben Naja de préciser :
L’histoire de la mission se dirige vers ce moment extraordinaire. C’est ce jour-là seulement que la mission mondiale aura atteint définitivement son but et trouvé son accomplissement. Car l’adoration a toujours été le but ultime de tous les efforts missionnaires.3
De manière un peu plus élaborée, dans Let The Nations Be Glad (Que les nations se réjouissent), John Piper abonde dans le même sens :
La mission n’est pas le but ultime de l’Église. C’est l’adoration qui est le but. La mission existe là où l’adoration n’existe pas. L’adoration demeure, mais la mission est appelée à se terminer car Dieu est le but ultime, pas l’homme. Lorsque cette période sera passée et que les millions de rachetés se prosterneront devant le trône, la mission n’existera plus. La mission est nécessaire pour un temps seulement, mais l’adoration reste pour toujours.4
Le fait de savoir que l’Évangélisation n’existe que pour un temps devrait nous motiver davantage à répandre le message de la repentance pour pouvoir entrer dans l’éternité bienheureuse bien entourés d’adorateurs du monde entier.
Le grand commandement résumé dans la formule « Tu aimeras » (Marc 12 versets 30 et 31) constitue le mobile de la mission du chrétien dans le monde. Aimer Dieu implique l’observation de ses commandements (Jean 14 verset 15). Or l’un de ses commandements est de faire des disciples (Matthieu 28 versets 19 et 20). Donc, notre obéissance au mandat missionnaire n’est que l’expression de notre amour pour Dieu traduit par un acte concret de partager par amour pour les perdus l’Évangile.
Satan ne peut pas obéir au Grand Mandat, non seulement parce que ce mandat ne lui a pas été donné, mais surtout parce qu’il n’aime pas les humains. L’amour est la base de la mission. Seuls ceux qui aiment Dieu et les perdus se donnent la peine de vouloir faire de ces derniers des adorateurs du Dieu Créateur. Si nous comprenons bien ce rapport, nos priorités changeront de manière radicale et irréversible.
La colère de Dieu
La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes, nous dit Paul dans Romains 1e verset 18, parce qu’ils retiennent injustement la vérité captive. Ils choisissent délibérément d’ignorer le véritable objet de l’adoration. Ils échangent la gloire de Dieu contre de faux dieux. C’est pourquoi seront-ils inexcusables devant Dieu au jour du jugement.
Avant d’en arriver là, invitons-les à abandonner leur idolâtrie pour adorer uniquement leur Créateur, Celui qui est capable de transformer les vies et les communautés. Car, l’heure est venue pour que ceux qui adorent Dieu puissent L’adorer en esprit et en vérité.5
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Pensée essentielle à retenir : Seuls ceux qui aiment Dieu et les perdus se donnent la peine de vouloir faire de ces derniers des adorateurs.
Question de réflexion : Sur une échelle de 1 à 5, à quel point voulez-vous rejoindre Dieu dans sa recherche d’adorateurs ?
Prière profonde : Seigneur de gloire, merci parce que Tu as racheté mon âme par le sang de Jésus. Tu as fait de moi Ton adorateur alors que j’étais si loin de Toi. Avant de me retrouver dans Ta présence dans l’éternité, sers-Toi de moi pour convaincre les pécheurs à abandonner leurs idoles pour venir T’adorer, Toi, le Dieu vivant et vrai. Je T’en prie au nom de Jésus. Amen !
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Notes et références
N.B. Cet article est tiré de mon livre: Le mandat ignoré: Réflexions sur le mandat du chrétien dans le monde et l’existence humaine, disponible sur Amazon
- Ben Naja. La mission: Le dernier chapitre?, p.25
2. Extrait du point 12 de la Déclaration de Lausanne de 1974, Conflits spirituels
3. Ben Naja, p.26
4. John Piper. Let The Nations Be Glad: The Supremacy of God in Mission, Baker Books, Grand Rapids, Michigan, 4th printing, 1995, p.11
5. Paraphrase de la déclaration de Jésus (Jean 4 verset 24) dans son entretien avec la femme Samaritaine.