La mission comme la vraie nature de l’Église est un bref article qui vous permettra de mieux cerner la raison d’être de l’Église dans le monde.
Selon Dr. John Drury, il n’y a pas d’Église sans mission. Cette ecclésiologie tient compte du fait que l’existence de l’Église s’explique par sa raison d’être dans le monde. Par mission, il entend que l’Église, en tant qu’agent, a une vocation. Mais par qui est-elle envoyée et pourquoi ?
Des théologiens comme Dietriech Bonhoeffer et Karl Bath estiment que l’Église est pour le monde. Parce que Dieu existe d’abord et avant tout pour le monde, l’Église, selon Barth, doit exister non pas pour elle-même, mais pour les autres[1]. Cela sous-entend que l’Église existe non en fonction d’une mission qu’elle s’est donnée elle-même, mais le fait qu’elle est en mission pour Dieu. Dans ce contexte, la mission de l’Église peut se définir comme étant son mandat de collaborer avec le Dieu missionnaire pour répandre Sa volonté, Son plan, Son agenda et Son cri prophétique dans le monde. L’intention est que les hommes et les femmes soient sauvés par le sacrifice de Jésus à la croix à travers l’attirance du Saint-Esprit, le donneur de la vie. En d’autres termes, selon Migliore, parce que le Dieu trinitaire est un Dieu missionnaire, l’Église est appelée à être une Église missionnaire enracinée dans les missions trinitaires.[2]
Si la nature de l’Église est foncièrement missionnaire, plusieurs modèles sont pourtant évoqués pour définir cette nature en lien avec sa mission. Il s’agit de définir la nature de l’Église comme une institution de salut, une communauté éclairée par l’Esprit, un sanctuaire de salut, un héraut de la bonne nouvelle et un serviteur du Seigneur serviteur. Chacun de ces modèles présente ses forces et ses faiblesses, mais permet d’avoir une vue holistique de la mission de l’Église. Ainsi, on peut parler d’une vision éclectique pour mieux apprécier le mode de rapport que l’Église développe avec Dieu dans l’accomplissement de son œuvre dans et pour le monde.
Donc, la vision selon laquelle l’Église est missionnaire par nature implique que l’Église doit être jugée ou évaluée en fonction de ce qu’elle représente et fait dans le monde. L’Église devient imago Trinitatis quand elle rejoint Dieu dans Ses activités missionnaires constantes dans le monde (missio Dei). Ainsi, aucune facette de l’Église ne doit être négligée au profit d’une autre. L’Église est appelée à lier la proclamation avec la démonstration de cette proclamation dans une ambiance de communion, d’intentionnalité de l’interconnexion des créatures et du mouvement du Saint-Esprit.
Cette proclamation, quoiqu’elle implique les actions rédemptrices du Dieu trinitaire, est christocentrique. Elle doit en toute circonstance prêter allégeance à Jésus, Celui qui l’a tellement aimée au point de se sacrifier pour elle. C’est un appel à la restauration, à l’appréciation et à la célébration d’une nouvelle vie en Christ. A Timothy C. Tennent de souligner:
Nous ne devons pas oublier que nous ne pouvons pas avoir une théologie de la mission centrée sur le Christ qui ne place pas l’Église au centre du plan de rédemption du Christ [3].
La nature missionnaire de l’Église implique aussi que celle-ci doit pouvoir tenir compte à la fois de la vitalité spirituelle et de la mise en place de structure administrative solide reflétant le modèle de leadership de Jésus, Son chef suprême dans son élan et ses efforts missionnaires.
En conclusion, je crois que l’Église est par sa nature même missionnaire pour les raisons suivantes : 1) Comme institution ou organisme, il est impossible d’envisager l’Église sans une mission, même si celle-ci suscite des divergences dans la manière de la comprendre. 2) Un Dieu missionnaire ne saurait créer un corps sans l’inviter à vivre, partager et répandre Sa mission dans le monde. 3) La mission de l’Église est celle qui la distingue de toute autre institution dans le monde. 4) L’Église est reconnue dans le monde pour son obéissance et sa collaboration au ministère de transformation des individus et des communautés par le biais du Saint-Esprit chargé de la réussite de sa mission.
Toutefois, une telle pensée ne doit pas faire oublier d’autres dimensions dans la vie de la communauté ecclésiale comme l’édification mutuelle et la koinonia. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, la mission de l’Église n’est pas moins évidente.
[1] Daniel L. Migliore, Faith Seeking Understanding: An Introduction to Christian Theology (3rd ed). (Eerdman’s, 2014), Scribd, p. 517/926
[2] Migliore, p.525/926
[3] Timothy C. Tennent, Theology in the Context of World Christianity: How the Global Church Is Influencing the Way We Think about and Discuss Theology. (Zondervan, 2007), p. 215/295