Il n’est ni une démarche dénuée de sens ni une pratique dégradante de recourir à la révélation spéciale de Dieu adressée aux humains pour essayer de trouver des éclairages et enseignements convaincants relatifs à des thématiques qui auraient de nature à intriguer les esprits. Sans prétendre que la Bible réponde à toutes nos préoccupations, parmi certaines des thématiques majeures dont elle aborde se trouve l’économie. Celle-ci n’est pas un sujet tabou dans la Bible, quoiqu’elle soit loin d’être 66 livres contenant des théories scientifiques sur le sujet. Dans cette optique, Howard Dayton, cité par Patrick Morley, a dénombré environ 500 versets bibliques sur la prière et plus de 2 350 sur la façon de gérer son argent et son patrimoine[1]. Par conséquent, de ces versets découlent évidemment des principes économiques.
Les principes bibliques économiques mis en rapport avec le développement d’un pays constituent un champ de réflexions assez passionnant. Ceci étant dit, une démarcation de ces principes d’avec les réalités sociales, plus précisément le développement d’un pays, constituerait une attitude que Dr. Richard B. Ramsay qualifie de schizophrénie intellectuelle[2]. Mais, le fait de respecter les principes bibliques économiques garantit-il le développement d’un pays ? Pour y répondre, ma démarche consistera : premièrement à développer les principes bibliques économiques, prenant d’abord en compte les concepts principe et économie ; deuxièmement, essayer de cerner le concept de développement d’un pays à partir de certains indicateurs et troisièmement, mettre en relation les principes bibliques économiques et lesdits indicateurs pour pouvoir tirer une conclusion.
La notion de principe
Les principes bibliques économiques méritent d’être repérés et définis afin d’être étudiés avec minutie. Tout d’abord, faut-il préciser que la notion de principe est polysémique. Il s’avère nécessaire de mettre en exergue deux acceptations possibles.
D’une part, le mot principe désigne un fondement théorique relatif au fonctionnement d’une chose. A bien comprendre cette définition, un principe n’est pas quelque chose de vague. Au contraire, il joue un rôle prépondérant, consistant à servir de socle en vue du bon fonctionnement d’une chose ou d’un domaine.
D’autre part, un principe désigne une règle de conduite, une loi. Cet aspect est fondamental dans la mesure où un principe, une loi, ayant un caractère général et impersonnel, sert à régler une conduite, une attitude. Il en de même de l’économie. Celle-ci est régie par des principes.
La notion d’économie
Stricto sensu, le concept économie vient du mot grec « oikonomia », signifiant gérance. Les deux mots grecs qui le composent sont : « oikos », maison et « nomos », loi. Il s’agit de la loi qui régit la maison. Par extension, le terme évoque l’idée de gérance et d’administration. En d’autres termes, l’économie est l’art de bien gérer les ressources de la maison. Cette définition étymologique concorde de manière parfaite avec la pensée biblique. Cette pensée consiste à considérer Dieu comme étant le propriétaire de la terre et l’homme n’en est que le gérant.
Lato sensu, l’économie est une science sociale qui étudie l’ensemble des comportements humains liés à la production, à la distribution et à la consommation des biens et des services dans un pays. L’économie est ici saisie dans le sens macro. La définition fait ressortir un aspect éthique fondamental : le comportement des individus par rapport aux ressources. Cela requiert de la gérance. C’est dans cette optique que N. Gregory Mankiw définit l’économie de la manière suivante : « L’économie, c’est l’étude de la manière dont la société gère ses ressources rares »[3]. La nécessité de l’intendance dans ce cas provient du fait que non seulement Dieu est le véritable propriétaire des ressources dont nous disposons, mais aussi le fait que celles-ci sont rares et les besoins que les hommes cherchent à assouvir sont illimités. Dans cette optique, les principes bibliques économiques sont à considérer.
Quelques principes bibliques économiques
Les principes bibliques économiques peuvent être définis comme étant un ensemble de règles intemporelles décelées à travers les Ecritures relatives à la gérance des ressources ou à la richesse que Dieu confère à son peuple ou ses serviteurs. A cet effet, parlant de la Bible, Hélèlene Farelly souligne : « Elle présente des principes intemporels, même s’ils ont été écrits à une époque où on ne se posait pas les questions de l’économie mondialisée d’aujourd’hui, et où l’idée même de spéculations et de crise financière était inconcevable »[4]. Parmi les grands principes liés à l’économie que la Bible édicte d’une façon ou d’autre, il convient d’en mentionner les plus remarquables.
Le principe du travail ou de l’industrie
C’est un principe biblique économique incontournable. Selon Robertson McQuilkin, le travail est un cadeau de Dieu […][5]». Avant la chute, Dieu a donné à Adam tout comme à sa femme un mandat d’ordre culturel consigné en Genèse chapitre 1e le verset 28, qui dispose : « Dieu les bénit, et Dieu leur dit : soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre ». A partir d’un tel verset faisant de l’homme un être économique, il est évident que celui-ci est appelé à diminuer le chaos par la production des richesses pour sa vie et l’utilité commune. Nous devons comprendre à partir de là que le travail n’est pas une conséquence du péché ou de la chute.
Vue l’importance du travail, en 2 Thessaloniciens chapitre 3 le verset 10, Paul lance une mise en garde aux chrétiens en ces termes : « […] Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange non plus ». Il est clair que la paresse, l’irresponsabilité et le refus de produire sont des attitudes formellement réprimées par la Bible. C’est le travail que Dieu a institué pour produire de la richesse et gagner sa vie à partir des talents et habiletés qu’Il nous donne à tous. Aucun être humain n’est dysfonctionnel.
Le principe du respect de la propriété privée
Ce principe est formellement consacré dans le huitième commandement trouvé en Exode 20 le verset 15, des milliers d’année avant d’être consacré par l’article 17 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme[6]. Ce commandement divin stipule : « Tu ne déroberas point». Juridiquement, le vol se définit comme étant la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui. En effet, Dieu interdit un tel acte par la mise en valeur du droit à la propriété privée.
Les différentes dispositions consignées dans le livre de l’Exode par rapport au jubilé consacrent le principe du respect de la propriété privée. Certes, ce principe renvoie à la liberté d’exploiter les ressources, mais sans nous inviter à nous transformer en force oppressive.
Le principe s’inscrit dans le cadre de l’intendance. D’ailleurs en Genèse 2 le verset 15, Dieu met en relief le fait que l’homme doit cultiver et garder le jardin. Plus tard, au peuple d’Israël, en Lévitique chapitre 25 le verset 23, Dieu faisait ainsi connaître sa volonté: « Les terres ne se vendront pas à perpétuité ; car le pays est à moi, car vous êtes chez moi comme étrangers et comme habitants ».
Le principe de la bonne gestion en tant que tel
Il parait à première vue tautologique le fait de considérer la bonne gestion comme un principe biblique économique, tenant compte de la définition même de l’économie. Cependant tel n’est pas le cas. Dans la pensée biblique, la gestion est intimement liée à la productivité. Cette idée est belle et bien ressortie dans la parabole des talents trouvée en Luc 19, notamment les versets 22-24. En outre, la saine intendance est fille de la sagesse dans la mesure où l’intendant prend conscience de la rareté des ressources, notion fondamentale en économie. Cette prise de conscience du côté limité des ressources n’annule en aucun cas la preuve de compassion ou de partage dont le bon gestionnaire doit faire montre.
Le principe de la compassion
Sans la coller une étiquette de socialisme ou de quoique ce soit, la Bible encourage le partage, l’exercice de la compassion à l’endroit des pauvres, des laissés-pour-compte et des démunis. A première vue, la compassion ne semble rien à voir avec l’économie. Cependant, elle y est bien au cœur, car elle pose le problème de la distribution, de la redistribution des richesses ou même des profits. Cela parait absurde et même un non sens en ce 21ème siècle où il y a une course folle vers la richesse, l’accumulation effrénée des profits, très souvent au détriment de l’autre et de la collectivité. C’est dans cette optique que Hélène Farelly, réfléchissant sur l’injonction que la Bible nous fait d’être compatissants envers les autres, même dépourvu de richesse selon le monde, écrivit : « L’éthique économique individuelle fondée sur la Parole de Dieu est une route semée d’embuches, elle ne semble pas naturelle, quelle que soit l’époque[7] ».
La Bible regorge de textes qui évoquent l’idée de compassion. Mais le texte de Deutéronome 15, les versets 7 à 10 me retient l’attention quand Dieu dit: « S’il y a chez toi quelque indigent d’entre tes frères, dans l’une de tes portes, au pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne, tu ne fermeras point ton cœur et tu ne fermeras point ta main devant ton frère indigent. Mais tu lui ouvriras ta main, et tu lui prêteras de quoi pourvoir à ses besoins […]» Ici, l’idée de solidarité est bel et bien soutenue. A cet effet, intervient un autre principe biblique économique fondamental, à savoir la justice.
Le principe de la justice
La justice occupe une place non négligeable dans la sphère économique. Elle doit être comprise à partir de deux domaines particuliers que la Bible elle-même soutient. Il s’agit de la justice judiciaire et de la justice distributive. La première consiste à rendre une juste justice dans les Tribunaux. Elle évoque l’idée de l’égalité devant la loi. Ainsi, en Exode chapitre 23 le verset 23 il est écrit: « Tu ne suivras point la multitude pour faire le mal ; et tu ne poseras point dans un procès en te mettant du côté du grand nombre, pour violer la justice. » Cette justice est fondamentale à partir d’un important renforcement trouvé en Proverbes chapitre 14 le verset 34 où il est dit: « La justice élève une nation […] ». A Hélène Farelly de souligner : « La justice et l’équité sont des clés proposées par Dieu pour encourager des relations économiques et sociales harmonieuses.[8] » Quand la justice fonctionne bien, cela est profitable à la santé de l’économie.
La justice distributive quant à elle se rapporte à la justice sociale, fondée sur l’équité. Elle consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû, qu’il s’agisse de pauvres ou de riches. Dans le corps social, il faut récompenser les hommes et les femmes selon leur contribution. Une telle perception reste dans la pensée biblique par rapport au travail. Cela constitue une mise en garde contre tous socialistes ou marxistes qui auraient tendance à déposséder les riches ou les industrieux de leur propriété. D’où la notion d’égalité, vue à travers cette loupe comme un principe biblique économique.
Le principe de l’égalité
La révélation biblique a l’art de faire de l’équilibre quand il s’agit de l’économie. Un tel équilibre se voit entre la propriété privée soutenue par le capitalisme et l’égalité comme une valeur chère au socialisme. Par-dessus tout, il est indéniable que l’égalité soit un principe biblique important.
Le principe de l’égalité évoque l’idée que dans le corps social il y a égalité de chance ou de réussite. Mais c’est plus profond que ça. Car il faut créer les conditions pour que cette égalité soit effective. La Bible ne semble favoriser aucun individu ou classe. Le mandat culturel cité dessus soutient cette idée. C’est aussi l’égalité dans les partages. En Exode chapitre 16 le verset 8, il est écrit : « Moïse dit : l’Eternel vous donnera ce soir de la viande à manger, et au matin du pain à satiété […]. Il n’y a pas de favoritisme. Malheureusement, tenant compte des tristes réalités des sociétés humaines, Jésus reconnait qu’il y aura toujours des pauvres.
Les notions de principe, d’économie et de principes bibliques étant évoqués et sommairement développés, il convient maintenant de développer la notion de développement d’un pays.
La notion de développement et ses indices
A l’heure actuelle, les pays sous-développés ou tiers-mondistes s’intéressent au développement et ceux des pays développés s’attachent de tenir le standard et même d’être développés indéfiniment dans un contexte mondial où les pays sont très compétitifs par rapport au marché.
Sur le plan étymologique, la notion du développement vient de deux mots latins, à savoir : ‘’de’’, signifiant cessation, négation et ‘’velare’’, couvrir, envelopper. C’est le fait de ne pas envelopper, de faire croître, donner de l’ampleur.
Le développement est une notion assez vaste. Dans cette veine, il importe de souligner qu’il y a une différence entre développement et croissance économique. Cette dernière notion est une composante du développement pouvant être mesurée à partir de plusieurs indicateurs clés, comme : le Produit Intérieur Brut (PIB), le Produit National Brut (PNB), l’Indice de développement humain (IDH), etc.
Bernard Bret définit le développement en ces termes : « Le terme de développement, utilisé dans les sciences humaines, désigne l’amélioration des conditions et de la qualité de vie d’une population, et renvoie à l’organisation sociale servant de cadre à la production du bien-être.[9] » A partir de cette définition, force est de faire deux constats : d’une part, quoique l’aspect économique soit fondamental en développement, celui-ci évoque d’autres facteurs. D’autre part, le développement s’inscrit dans le cadre d’une population. Sur le plan macroéconomique, dans notre travail, le développement est circonscrit dans le cadre d’un pays.
Beaucoup de spécialistes soutiennent que le développement d’un pays se mesure à partir de trois (3) indicateurs majeurs. Premièrement il faut penser au développement économique. Cet indicateur du développement concerne la création de richesses et la réussite économique d’un pays. Cette croissance économique se voit à partir du produit national brut(PNB), incluant le Produit Intérieur Brut qui mesure la production de richesse d’un pays. En effet, un pays qui ne produit pas de la richesse ou si son PNB est faible n’est pas sur le chemin du développement. De ce fait, le développement économique marche de pair avec l’industrialisation. La non-productivité donne naissance à une importation excessive de ressources nocive à la santé de l’économie nationale. Telle est la situation des pays dits pauvres. Pour produire et augmenter des biens, il faut des compétences, des outils de travail modernes et sophistiqués. Pour y arriver, il faut nécessairement du capital.
Cependant, cette croissance économique doit être maitrisée, sinon elle ne contribuera pas au développement d’un pays. Elle doit contribuer et viser le développement humain. D’où le deuxième indicateur, à savoir le développement social.
L’aspect social tient compte de l’amélioration des conditions humaines, notamment des habitants. Il s’agit d’un indicateur clé, car la croissance économique n’est pas synonyme de développement humain. Le bien-être de l’humain doit être pris en compte. C’est-à-dire, les indicateurs sociaux s’articulent autour de la démographie, de la santé, de la nutrition, de l’éducation, etc. Le tout contribue à augmenter l’espérance de vie. C’est à ce niveau qu’on peut commencer à parler de développement durable. Voilà pourquoi, dans les pays sous-développés, les inégalités sociales sont plus criantes que dans les pays développés, quoique, selon la loi de Kuznets, les inégalités augmentent avec le développement avant de diminuer. Toutefois, l’indicateur de développement social met surtout en évidence la possibilité d’intégration de l’individu dans la société.
Cette possibilité d’intégration vise non seulement la longévité de manière saine, mais aussi l’accession à la connaissance et à l’information et le fait de bénéficier des ressources assurant un niveau de vie décent. C’est à juste titre qu’on dit que le développement social se mesure à partir d’un critère ultime, à savoir, l’Indice de Développement Humain (IDH). Voilà pourquoi, dans la logique de développement d’un pays intervient un troisième indicateur, l’écologie.
L’écologie est au cœur des débats contemporains depuis la fameuse conférence de Stockholm en 1972 et de manière plus récente, la COP21, la conférence internationale sur le climat, Paris 2015. Elle devient une préoccupation mondiale. Un pays qui veut connaître le développent doit se soucier des questions environnementales ou des changements climatiques. Dans le cas contraire, Marc Saint-Laurent donne ce qui peut advenir en ces termes: « […] Une croissance économique peu soucieuse de l’environnement aurait des conséquences désastreuses[10] ». L’être humain vit et agit sur l’environnement. Ses actions sont très souvent destructrices au profit d’un anthropocentrisme impitoyable. Il s’agit de l’écocide. Voilà pourquoi le développement d’un pays s’accompagne d’une prise en charge de l’environnement dans la dynamique de l’équité intergénérationnelle. D’où, la nécessité d’évaluer les principes bibliques économiques pour voir si leur respect garantit le développement d’un pays.
Le respect des principes bibliques économiques versus développement
Pour savoir si le respect des principes bibliques économiques définis et développés plus haut dans le cadre de ce travail garantit ou non le développement d’un pays, il convient d’analyser leur mode d’application.
Les principes bibliques économiques sont émanés de contextes historiques, socioculturels et économiques différents de ceux du XXIème siècle. Par conséquent, l’anachronisme est à esquiver en ce qui concerne le développement d’un pays. C’est à raison qu’André Néher, cité par Jean-Paul Maréchal, soutient : « …arracher à des principes anciens toute leur signification dans ce qu’elle a d’éternellement valable et de faire surgir, ainsi, dans des contextes renouvelés, leur indestructible et constructive jeunesse»[11]. A partir de cela, à titre d’exemple, le mandat culturel qui consacre largement le principe du travail ou de la production doit se comprendre à partir de l’idée première de Dieu avant la chute de nos premiers parents. Il a plu au Dieu créateur de donner à l’être humain l’ultime responsabilité de dominer sur la création. Par conséquent, il s’agit d’un principe transversal, s’inscrivant dans notre nature de créatures de Dieu.
L’important, c’est plutôt la mise en application. Ainsi, il est tout à fait normal d’être préoccupé par le principe du partage ou de la compassion. Il serait fallacieux et gratuit de dire que la Bible soutient le socialisme par le simple fait qu’au premier siècle, comme il est dit en Actes des Apôtres, tous ceux qui étaient sauvés ont mis en commun tous leurs biens. Une telle compréhension de la sagesse herméneutique et exégétique dont il faut faire montre par rapport aux principes bibliques économiques renvoie toutefois à considérer l’influence historique de ceux-ci sur un échantillon, quoique faible, de certains pays.
Influence de principes bibliques sur le développement de certains pays
Les principes bibliques économiques ont eu ou ont encore une certaine influence sur le développement de certains pays du monde.
Israël est un peuple qui retient l’attention par rapport aux progrès énormes qu’il connait dans certains domaines non-négligeables comme la technologie et la médecine, même devant la puissance mondialement imposante américaine. Devenu un Etat en 1948 par l’Organisation des Nations Unies (ONU), Israël met en application le grand mandat culturel consigné dans la Torah. Non placé sous un régime théocratique, avec une population estimée à 8 904 373 d’habitants dont 6 104 000 Juifs en 2014[12] et d’un territoire exigu de 20 770 Kilomètres carrés et préalablement très désertique, ce peuple comprend qu’il faut agir sur la terre pour qu’elle puisse fructifier. Non seulement ce peuple croit dans le travail, mais aussi dans le commerce. C’est à juste titre que le Rabbin Ken Spiro souligne : « De fait, les fondateurs de l’Etat d’Israël moderne, même s’ils n’étaient pas religieux, étaient profondément imprégnés de la conviction que le peuple juif tient son héritage de la Bible et que c’est elle qui le relie à sa terre. »[13]
L’héritage de la sagesse de la Bible, notamment de la Torah par rapport à l’économie parait incontournable dans le développement d’Israël. Il n’y a pas qu’Israël à être influencé par les principes économiques, mais aussi les Etats-Unis.
Les Etats-Unis sont, en toute vraisemblance, un pays fondé sur des valeurs bibliques, notamment sur certains principes bibliques économiques, comme le travail, la liberté, la justice, la propriété privée. Le peuple américain est reconnu pour son sens du travail. Ce sens est dans une certaine mesure dû au respect de ces principes.
Dans cette veine, quoique très critiquée et même controversée, l’œuvre de Marx Weber intitulée l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme a sa place dans le débat. En fait, Marx essaie de montrer que l’esprit du capitalisme moderne a une certaine affinité avec l’éthique protestante calviniste américaine. Cette forme de capitalisme repose du même coup sur une rationalité dans l’utilisation des ressources. L’essence de tout ça c’est que le respect des principes bibliques économiques contribue au développement de ce pays. Par exemple, le principe de la liberté est considéré comme un droit divin.
Quoique le peuple américain ne soit plus ce qu’il était en termes du respect de la morale chrétienne, l’organisation des grands pouvoirs de l’Etat laisse entrevoir une juste compréhension de la nature déchue des humains. Ce peuple est aussi connu pour sa générosité, plus précisément son sens de partage ou de compassion.
D’autres peuples ayant eu un certain respect des principes bibliques économiques méritent aussi une certaine attention.
Certains pays de l’Europe ont connu un certain niveau de développement grâce au respect des principes bibliques économiques, soit par l’influence du protestantisme, comme l’Ecosse, la Suisse, surtout sous l’influence des travaux considérables de Jean Calvin, soit par celle du catholicisme comme la Belgique.
Par contre, quoique les morales religieuses, peu importe leur genèse, influencent le comportement et le développement des pays, il est tout à fait de bon ton de passer en revue la situation de certains développes sans une base de morale chrétienne.
Tout d’abord, il ne saurait être une aberration de considérer les deux géants du continent asiatique, en l’occurrence le Japon et la Chine. Du point de vue religieux, la Chine est plus influencée par le bouddhisme, bien qu’il y ait de plus en plus une faible influence du christianisme surtout par rapport à la missiologie chrétienne. Tandis que le Japon est surtout influencé par le Shintoïsme. La Chine est aujourd’hui considérée comme la deuxième puissance économique mondiale et tacle les Etats-Unis pour devenir la première. Le Japon, avec un territoire exigu, soumis à de sérieuses contraintes climatiques, un archipel formé de 6 800 îles, occupe aussi une place imposante sur l’échiquier économique mondial. Donc la Chine et le Japon sont des pays développés non nécessairement influences par la religion chrétienne.
La Russie, plus ou moins d’idéologie socialiste, autrefois l’URSS soumis au régime communiste, n’est pas soumis au respect des principes bibliques économiques. Pourtant elle est aujourd’hui classée parmi les pays émergents du monde et pays de puissance nucléaire comme la Chine. C’est aussi le même constat pour l’Inde, pays émergent influencé et soumis au respect des principes de l’Hindouisme.
En définitive, les principes généraux relatifs à l’économie qu’évoque la Bible méritent d’être cernés, pesés, sous-pesés pour une actualisation de qualité. Chacun de ces principes donnés dans des contextes particuliers reflète la volonté du Dieu créateur pour ses créatures, notamment pour un pays, pris comme un ensemble organisé et fondé inéluctablement sur des principes. La croissance économique dans toutes ses dimensions, étant au cœur des activités multiples d’un pays, est un indicateur incontournable au développement de celui-ci. Cependant, elle n’est pas le seul facteur ni non plus synonyme de développement.
De ce qui précède, sans accuser la Bible de soutenir un système économique quelconque, à mon humble avis, le respect de ses principes liés à l’économie garantit le développement d’un pays, qu’il s’agisse du travail, de la justice et autres. Ils ne sauraient être ni allergiques ni un handicap au développement de quel que soit le pays. Leur respect engendre forcément des conséquences positives et fructueuses. Il suffit de les appliquer avec sagesse.
Toutefois, le développement d’un pays n’est pas forcément conditionné par le respect des principes bibliques économiques. D’ailleurs, à la question : qu’est-ce qui contribue au développement d’un pays ou pourquoi certains pays se développent et d’autres non ?, les principes bibliques économiques ne sont pas forcément les premiers à prendre en compte. C’est tout à fait évident que le développement de certains pays dans le monde n’est pas dû à leur respect. Le développement d’un pays passe par la prise en compte d’un ensemble de paramètres. Cependant, les humains sont créés à l’image de Dieu. Même si un politicien ou un leader ne se soumet pas à Dieu ou Ses principes, Son image politique en lui le rend automatiquement capable d’organiser l’espace social et de travailler au bien-être de son peuple. Mais, le développement d’un pays non base sur le respect des principes bibliques économiques ne court-t-il pas le risque d’aboutir à des crises éthiques?
SOURCE
Farelly, Hélène Existe-t-il une économie chrétienne? Marne-la-Vallée Cedex 2 : éditions Farel, France., 2009
Maréchal, Jean-Paul. L’éthique économique de la Bible
MCQUILKIN, Robertson. An introduction to biblical ethics. Illinois: Tyndale House Publishers, USA, 1995
MORLEY, Patrick. L’homme dans le miroir. Lyon: éditions: Clé, France., 2007
RAMSAY, Richard. Intégrité intellectuelle, [s.l.d]
Saint-Laurent, Marc. Environnement et créativité. Montréal : éditions Mediaspaul, Canada, 1994
Spiro, Ken. La terre promise
L’économie c’est quoi ?
http://www.hypergeo.eu/spip.php?article511, article, Développement définition
[1] Patrick, Morley. L’homme dans le miroir (Lyon: éditions Clé., 2007), p. 172.
[2] Richard B., Ramsay. Intégrité intellectuelle [s. d. l], p. 1
[3] L’économie c’est quoi ? http://www.nbbmuseum.be/doc/infosheets/fiche_information_FR_01.pdf?v20120919
[4] Hélène Farelly, p.12
[5] Work is a gift of God […]
Robertson, McQuilin. An introduction to biblical ethics (Illinois : Tyndale House, USA, 1995), p. 388
[6] L’article stipule: 1. Toute personne, aussi bien seule qu’en collectivité, a droit à la propriété.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété.
[7] Hélène Farelly, p. 37
[8] Ibid, p.39
[9] http://www.hypergeo.eu/spip.php?article511, article, Développement définition
[10] Marc Saint-Laurent. Environnement et créativité (Montréal : Mediaspaul, Canada., 1994), p.8
[11] Jean-Paul Maréchal. L’éthique économique de la Bible
[12] http://www.terredisrael.com/ISRAEL_populations.php
[13] Ken, Spiro. La terre promise, cours d’histoire Juive # 5
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