Les raisons pour lesquelles il est important d’étudier l’histoire du Christianisme

Ma joie est immense de vous présenter ce nouvel article intitulé Les raisons pour lesquelles il est important d’étudier l’histoire du Christianisme. C’est le début d’une série sur la thématique.

Je suis convaincu que l’histoire du Christianisme mérite d’être étudiée à fond, sans complaisance ni préjugés, dans un contexte où le Christianisme est attaqué de toutes parts. Ces attaques ont de graves conséquences non seulement pour l’Église en tant que telle, mais aussi pour la manière dont nous vivons notre foi et pour notre relation avec notre passé historique.

Si aujourd’hui, au XXIe siècle, certaines parties du monde, comme l’Europe, qui ont été longtemps influencées par la pensée chrétienne, mais qui sont malheureusement déchristianisées, à un certain degré, même si l’empreinte de l’héritage chrétien, dans divers domaines y demeure, alors que le christianisme gagne sérieusement du terrain dans d’autres parties, comme en Afrique et en Asie, nous devons comprendre pourquoi. Nous devons également savoir si la foi chrétienne est ou non dépourvue de toute substance historique et pourquoi il est donc important de l’étudier aujourd’hui.

Mon approche consiste donc, dans un premier temps, à vous montrer les différentes perspectives qui ont émergé au sein même du Christianisme par rapport à la tradition. Ensuite, je me propose de vous convaincre de la nécessité de suivre d’étudier l’histoire du christianisme en m’appuyant sur la thèse de Robert F. Rea selon laquelle le Christianisme est essentiellement historique.[1]

C’est une réalité que tous les chrétiens n’ont pas la même relation et la même lecture du passé de l’Église ou simplement du mode de relation entre l’Église (la Bible) et la tradition. Pour certains, il ne doit pas y avoir de relation entre la Bible et la tradition. Ainsi, tout l’accent doit être mis sur la Bible, considérant la tradition comme pernicieuse et dangereuse. En d’autres termes, pour cette catégorie appelée les chrétiens centrés sur la Bible, la tradition chrétienne est négligée.

Pour d’autres, la tradition est aussi importante que la Bible et, par conséquent, elles sont sur le même niveau d’autorité en matière de foi et de conduite chrétienne. C’est, par exemple, le point de vue de l’Église catholique romaine, qui a consacré la stricte dichotomie entre les deux entités depuis le Concile de Trente (1545-1563).

Une troisième catégorie estime que la tradition a son importance pour l’Église, mais qu’elle a une autorité secondaire par rapport à la Bible, dont l’autorité est suprême ou primaire. Le plus important ici est donc de pouvoir définir le concept de tradition.

Le concept de tradition n’est pas si facile à définir. Toutefois, afin d’éviter toute confusion, je propose la définition suivante : la tradition, dans notre contexte, est un corpus englobant tous les enseignements, pratiques, événements, personnages, lieux, décisions, évolution, changement, révolution qui sont déterminants dans la compréhension et la formation de la pensée chrétienne et de l’Église. Dans une certaine mesure, je considère que la tradition et l’histoire sont deux concepts synonymes. Il est donc évident que rejeter la tradition sous prétexte qu’elle est trop dangereuse serait une très grave erreur. Car nous faisons tous partie, en tant que chrétiens, de la tradition. Le sang de la tradition coule dans nos veines. La Bible est en quelque sorte un produit de la tradition ou d’un contexte historique. Si les événements rapportés sont historiquement vrais, alors ils peuvent être étudiés. D’un autre côté, surestimer la tradition au détriment de la Bible est en effet très dangereux. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’aucune de ces positions n’est sans conséquences.

Ainsi, l’histoire, en général, est définie comme l’étude du passé afin de comprendre le présent et d’améliorer le futur. C’est dans ce contexte que, selon Robert F. Rea, l’histoire chrétienne, ou la théologie historique, est l’étude spécifique du passé de l’église afin de comprendre le présent de l’église et d’améliorer le futur de l’Église.[2]

Selon la définition de l’histoire appliquée à l’Église ou au christianisme, je peux facilement vous montrer pourquoi il est maintenant important d’étudier et de comprendre l’histoire chrétienne.

Premièrement, il est inconcevable d’appartenir à l’Église en dévalorisant ou en rejetant son histoire. L’Église n’est pas née du néant. Elle a une histoire qui s’enracine dans des réalités historiques. Il est très important de réaliser que ceux qui minimisent l’importance de l’Église historique ne font que jeter le bébé avec l’eau du bain. Comme le dit si bien Robert, on ne peut pas “faire” le Christianisme sans l’histoire de l’Église.[3]

L’étude de l’histoire du Christianisme permet donc de mieux apprécier l’histoire du salut. Cité par Robert F. Rea, George Tavard a dit :

Ainsi comprise, la tradition est l’art de transmettre l’Évangile. Elle n’est pas distincte de la Bonne Nouvelle du Christ. C’est plutôt la puissance de l’Évangile lui-même qui inspire la dévotion et la loyauté des hommes et des Églises chargés de sa transmission. [4]

Deuxièmement, l’étude de l’histoire du Christianisme vous permettra d’évaluer votre vie en tant que chrétien et vos pratiques chrétiennes. D’autres chrétiens à travers les âges ont eu leurs propres évaluations de la vérité révélée par Dieu. Ils ont certainement commis des erreurs qui peuvent aussi nous aider à penser et à agir différemment. Jennifer Woodruff Tait précise :

Nous ne sommes pas toujours d’accord avec tout ce que nos prédécesseurs dans la foi ont dit ou fait, mais nous devons essayer de comprendre pourquoi ils l’ont dit et fait. Ils peuvent nous enseigner beaucoup de bonnes choses sur l’Évangile que nous aurions pu autrement oublier ; et parfois nous pouvons arriver à la conclusion qu’à un moment donné, leurs actions n’étaient pas en harmonie avec l’Évangile, et que nous pouvons faire mieux. [5]

Vous pourrez donc vous référer à l’histoire de temps en temps non seulement pour comprendre certaines décisions formulées, prises et acceptées, des faits et des événements qui se sont produits, comme les croisades organisées par l’Église catholique et toutes les conséquences très amères qui en ont découlé, le contexte de la réforme protestante pour n’en nommer que deux, mais aussi pour ajuster vos croyances, vos valeurs et vos pratiques.

Troisièmement, une telle étude vous permettra de mieux comprendre et apprécier les actions de Dieu à travers l’histoire de son Église. En réalité, c’est Lui, l’ultime réalité, qui contrôle toutes choses, qui veille sur Son église et préserve ses valeurs.

En étudiant l’histoire du christianisme, au-delà des frustrations que j’ai, je découvre toutefois des choses extraordinaires qui me permettent d’être plus ouvert à la tradition chrétienne et d’être mieux équipé pour faire face à certains des présupposés formulés contre le christianisme qui sont catégoriquement faux.

Les temps dans lesquels nous vivons sont très périlleux. En tant que chrétiens, nous avons besoin de nous plonger dans les racines historiques du christianisme pour mieux comprendre certains faits, événements, points de doctrine, choix éthiques complexes, et surtout pour répondre aux détracteurs de la foi chrétienne avec des arguments solides, éclairés et imprégnés de sa riche substance historique.

L’étude du Christianisme historique vous apportera des connaissances profondes qui vous aideront à faire une évaluation très objective. Certains épisodes de ce passé historique susciteront un sentiment de gratitude envers le Seigneur pour ce qu’Il a fait à travers son peuple, et d’autres un sentiment de colère et même de révolte pour les bévues commises, l’instrumentalisation de l’Église au profit du pouvoir et de l’industrie de l’esclavage et les diverses déviations enregistrées par rapport à ce que Dieu a prescrit à travers sa Parole.

Quand on voit par exemple à quelle vitesse le christianisme se développe sur le continent africain, cela devrait nous susciter non seulement à connaitre son parcours historique, mais aussi comment il est pratiqué et expérimenté dans la réalité.

Cependant, il y a des voix perturbatrices qui s’élèvent pour détourner les chrétiens de leur foi, en leur faisant croire que c’est une aberration pour eux de devenir chrétiens en tant que noirs. Ces gens oublient malheureusement que le christianisme, comme l’islam, fait partie de leur religion traditionnelle pour s’être déployé sur le continent en même temps que sur le continent européen et l’immense contribution de certains grands théologiens africains au développement de la théologie chrétienne.

Ainsi, je vous encourage vivement à mieux étudier l’histoire chrétienne avec beaucoup de passion et un fort désir d’apprendre afin de transmettre aux autres non seulement des faits historiques, mais surtout un héritage que vous et moi ne devons jamais oublier.

Il faut le faire en toute objectivité et honnêteté, en acceptant les épisodes sombres et en essayant de nous projeter dans le futur pour un avenir meilleur.

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[1] Robert F. Rea: Why Church History Matters: An Invitation to Love and Learn from Our Past

(InterVarsity Press: Illinois, 2014), Scribd, p.16/419              

[2] Ibid., p.29

[3] Ibid. p.19

[4] Ibid.p.38

[5] Jennifer Woodruff Tait: Christian history in seven sentences: A small introduction to a vast topic (InterVarsity Press: Illinois, 2019); Scribd, p.19