METHODES D’ENCADREMENT ADAPTEES AUX NOUVEAUX CONVERTIS

   Il est tout à fait concevable de faire un plaidoyer et de produire des réflexions solides sur des méthodes d’encadrement adaptées aux nouveaux convertis, ce que je préfère appeler néophytes spirituels.  J’envisage une «néonatologie spirituelle» qu’une église peut mettre en place en vue d’accompagner le  néophyte dans son processus de croissance dès sa conversion.

    Il faut partir à la conquête de cette croissance à partir des principes pédagogiques inspirés d’une philosophie biblique de la pédagogie ou de l’éducation. A souligner qu’envisager une pédagogie chrétienne mérite des efforts. De toute évidence, elle a des implications. Elle nécessite une structure administrative, des méthodes pédagogiques, y compris la prise en compte du développement des apprenants et la finalité de cette pédagogie.

    Ma proposition ici met surtout en exergue la nécessité d’élaborer des techniques ou méthodes d’encadrement adaptées ou appliquées aux néophytes spirituels.classroom, training, school-381896.jpg

Méthodes d’encadrement adaptées aux néophytes spirituels

    Un processus de maturité chrétienne est intimement lié à l’élaboration d’un plan de croissance. Cependant, un programme d’instruction chrétienne, nous dit Peter Cotterell, est difficile à appliquer car il doit tenir compte du développement de chacun, tout comme les groupes d’école du dimanche.[1] Force est d’admettre que cela présente une certaine complexité.

    Les théories et méthodes[2] visant à encadrer les néophytes spirituels sont multiples et variées. Chacune d’elles a sa propre spécificité et limite. Leur application dépend du terrain, de la structure organisationnelle de l’église, des ressources disponibles, des néophytes même faisant l’objet de ce processus d’encadrement et du plan d’évangélisation mis en place.

    L’encadrement commence au moment où la personne à qui on vient de présenter l’Evangile reçoit Christ dans sa vie. Toutefois, tout en ayant les pieds sur terre, nous ne devons pas nous fermer les yeux sur la manière dont l’enseignement de l’église devrait être fait en fonction d’un plan bien élaboré et des méthodes adaptées d’encadrement adaptées aux besoins des néophytes spirituels.

    Voici quelques méthodes qu’une église peut suivre de bon gré suivant le type d’évangélisation envisagé.

1. Méthode des mentors/ des conseillers

    Le mentorat, une méthode clé, consiste à donner au néophyte spirituel, de manière formelle et institutionnelle, des personnes consacrées à son encadrement immédiatement après l’activité d’évangélisation ou sa conversion. Le mentor garde le contact avec le néophyte spirituel et noue une relation de cœur avec lui. Sur la base d’une entente mutuelle, le mentor rend visite au néophyte et travaille par la suite sur un programme de visite pour l’encourager et l’inciter à intégrer la communauté des disciples ou une église locale tout simplement.

    Le mentor est un accompagnateur qui assiste et guide le néophyte dans son processus de croissance. Ce mentorat vise en outre à guider les néophytes à faire eux-mêmes des expériences et à s’impliquer graduellement dans les ministères de l’église. Car le néophyte spirituel n’est pas un simple observateur, inapte à faire quoique ce soit.

    Le mentor peut-être aussi considéré comme un père spirituel ou une mère spirituelle du néophyte spirituel, son ami(e). Cette personne doit maîtriser le ministère de présence. Par voie de conséquence, elle est présente dans les moments de crise spirituelle comme dans les bons moments, répondant aux questions du néophyte dans une démarche de dialogue, etc. Tout ceci, en vue de sa croissance dans la foi.[3] Le travail combien considérable qu’a effectué Barnabas avec le néophyte spirituel Paul en est un exemple probant.[4]

    A mon humble avis, le mentor doit être un membre actif et connu de l’église, de qui celle-ci et la communauté rendent un bon témoignage, un homme ou une femme de prière. Il/elle doit avoir des entrailles de pêcheur et d’encadreur d’âmes, la capacité d’entretenir des relations humaines saines, enrichissantes et une connaissance approfondie et équilibrée de la Bible.[5]

    Rien n’est plus puissant et fascinant qu’une relation d’amour entre le néophyte spirituel et un mentor digne de ce nom. Car, le plus grand cadeau que nous puissions offrir aux néophytes spirituels n’est pas uniquement les enseignements, mais surtout notre présence, notre temps, nos oreilles et nos témoignages de vie. Il y a lieu aussi de penser à la méthode des cellules de maison.

2. Méthode de cellule de maison

    La méthode de cellules de maison ou de petits groupes entre dans une dynamique de relations interactives où les expériences chrétiennes, en particulier la sanctification, ne sont pas vécues en privée ou de manière isolée. Cette méthode ouvrira à chaque néophyte une possibilité de discuter, de partager sa foi, ses besoins et ses défis, etc.

    Dans le cadre d’une évangélisation de masse, comme une croisade, cette technique consiste à rassembler en petit groupe, au maximum douze(12)[6], les néophytes spirituels habitant à proximité peu après l’achèvement de l’activité.

    Ces cellules ou petits groupes d’étude pourront se réunir une semaine dans un lieu bien particulier, soit dans la maison d’un néophyte spirituel ou d’un responsable de la cellule pour l’étude de la Parole, l’édification commune, la prière, l’adoration, la louange, la communion fraternelle, le service, le travail en équipe, en organisant des ateliers de travail et l’exercice des dons, comme cela se présente dans le schéma du ministère.

    Donc, dans des cellules ou des petits groupes, des liens durables sont tissés parmi les néophytes spirituels ; ce qui entre dans le cadre de leur développement spirituel et leur communion avec le Christ. A ceci, je m’accroche à cette idée de Gilbert Bilezikian qui dit :

Les petits groupes sont les cadeaux de Dieu pour stimuler les changements en profondeur chez les gens et favoriser leur croissance spirituelle. [7]

   Dans ce cadre précis, la vie chrétienne est vécue dans la pratique et solidairement.

    Didier Renck, dans son texte, présente de la manière suivante la structure d’une cellule[8] :

Un responsable ou serviteur: il dirige la cellule, fait des visites, rend des comptes aux anciens et  responsables de l’église.

Un assistant : il remplace le responsable pour une réunion quand c’est nécessaire. Il fait des visites. Il se forme pour prendre la responsabilité de la nouvelle cellule en cas de multiplication.

Des aides : ce sont des membres mûrs qui participent, travaillent, visitent, aident les responsables, encadrent les nouveaux convertis.

Les membres : chacun se sent responsable de la bonne marche de la cellule, prie, témoigne, encourage, invite de nouvelles personnes…

3. Méthode de classe

    Il s’agit d’une classe spécifique créée pour les néophytes spirituels, dirigée par des conducteurs et des gens aptes à les encadrer. Cette classe, qui peut être une classe à part entière dans l’école dominicale, n’a pas uniquement comme attribution d’apprendre aux néophytes des versets chaque dimanche matin. Mais elle doit être un espace d’affermissement et de formation, fonctionnant avec un programme spécifique et qui tient compte des stades de développement. Par exemple, dans cette classe on peut viser le discipolat et l’intégration ou l’engagement à plusieurs niveaux du néophyte dans les ministères de l’église au fur et à mesure. Une telle classe peut fonctionner suivant une heure favorable.

    Le formateur (moniteur), tenant compte de ses objectifs, lesquels doivent être nécessairement en accord avec la mission, la vision et les enseignements du grand corps, l’église locale, peut faire usage des méthodes pédagogiques jugées appropriées et adéquates pour transmettre avec créativité son message dans une ambiance d’enseignement/apprentissage inspirant une confiance avérée, le désir d’apprendre, de grandir et d’être transformé par le Saint-Esprit. Par exemple, le formateur peut : organiser une étude biblique autour d’une table de dîner, des projections de films bien triés sur le volet, des petits concours bibliques entre les néophytes spirituels, faire des excursions, des exercices pratiques et des corrections en groupe, utiliser des images didactiques, des jeux et des schémas.

    Après une série de modules de formation, il s’avère utile de décerner un certificat ou quelque chose d’autre aux disciples, non seulement pour les encourager, mais surtout les stimuler à la croissance et à la maturité. Donc, les critiques négatives doivent être évitées à tout prix. Il faut plutôt valoriser les gens.

    Dans le cadre d’une évangélisation individuelle, qu’il s’agisse du porte-à-porte (évangélisation de contact) ou de l’évangélisation par amitié ou de proximité, de l’évangélisation avec les brochures de contacts, la personne qui présente l’Evangile peut adopter ou parrainer la personne évangélisée en suivant les mêmes objectifs poursuivis dans le cadre de l’encadrement collectif. Donc, cette personne doit s’impliquer par amour dans la vie du néophyte spirituel en lui transmettant les valeurs bibliques sans manipulation. C’est aussi du mentorat.

    En somme, toutes les méthodes d’encadrement adaptées aux néophytes spirituels présentes contiennent bien des limites. Il y en évidemment d’autres. Le plus important est d’être créatif dans l’encadrement de ces nouveaux régénérés. Les trois méthodes évoquées encouragent fortement le «Koinonia », c’est-à-dire la communion fraternelle.

Si vous souhaitez avoir un diagnostic des réalités entourant la problématique de l’encadrement des néophytes spirituels au sein de bon nombre d’églises, je vous propose d’écouter cet épisode de notre podcast.

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[1]  Peter Cotterell. L’Eglise vivante, Editions Action Recherche Croissance, France, 1992, p.16

Selon Peter, chaque chrétien a deux âges: son âge réel et son âge spirituel.

[2] Je suis inspiré d’un article publié le vendredi 24 Août 2012 sur le site: http://cereas.net/spip.php, consulté le 20 Novembre 2012. J’y ai apporté de sérieuses modifications.

[3] 1Thessaloniciens 2.6-12 ; 5.23 ; Galates 4.19 ; 1 Corinthiens 4.14-16 ; Philippiens 1.6

[4] Actes 9.270-30

[5] Ce type d’encadrement met en exergue le relationnel. Voir Actes 4.36 ; Galates 4.1-7 ; 4.19 ; 1 Corinthiens 4.14-17

[6] Au fur et à mesure que la cellule grandit en nombre on formera d’autres cellules.

[7] Gilbert Bilezikian, p. 57

[8] Didier Renck, p. 5

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