Un mauvais voisin est une calamité, un bon voisin est un vrai trésor. Victor Hugo
D’une manière ou d’une autre, nous vivons à côté des gens. Que nous les aimions ou pas, ils font partie de notre cercle de vie et de fonctionnement. Comme on le dit souvent à l’échelle des nations, personne ne peut vivre en autarcie. La cohabitation est inévitable, surtout par rapport au phénomène migratoire et à l’exode rural.
Avoir des voisins peut-être une bénédiction dans le sens religieux du terme. Par contre, les voisins toxiques peuvent vous pourrir la vie jusqu’à l’épuisement. Mais les premières questions à vous poser sont celles-ci : Est-ce que je suis moi-même un bon voisin pour les autres ? Quelle sorte d’onde ou d’énergie est-ce que je propage dans mon entourage ?
Une fois répondre à ces questions, il suffit de trouver un moyen de cohabitation paisible, saine et harmonieuse, sinon le départ peut-être la solution idéale à envisager. Mais on ne peut pas passer toute sa vie à fuir de mauvais voisinages.
Les conflits sont inévitables
J’ai grandi à la campagne. La vie rurale est complètement différente du style de vie en ville. En ville, les gens sont moins solidaires et plus individualistes.
Notre maison était à quelques mètres de celle de nos voisins située au nord-ouest. Il y avait un vrai sens de communauté et de vivre ensemble. La nourriture d’une famille était quasiment la nourriture de toutes les autres familles du voisinage. L’une volait au secours de l’autre dans le respect et la fraternité.
Comme les conflits sont inévitables dans les relations humaines, notamment parmi les voisins, je me souviens d’une querelle qui éclata entre ma famille et une autre famille qui n’était pas nos voisins proches. A notre grande surprise, la famille voisine, avec laquelle nous nous entendions si bien, prenait partie de la famille avec laquelle nous étions en conflit, en mettant dans leurs bouches des bêtises pour nous balancer à la figure. Nous étions au courant de leur malhonnêteté après les hostilités.
Mais malgré tout, nous nous efforcions de recoller les morceaux pour essayer de vivre paisiblement avec tout notre voisinage. Car, le voisinage est comme faisant partie de la famille, selon nos traditions. Cette famille qui nous balançait devait rester pour nous une alliée, mais non une ennemie, en dépit de nos différends.
D’Haïti au Burkina Faso
Quand je déménageais au Burkina Faso avec mon épouse Yolie, nous avons trouvé un joli petit appartement dans un quartier populeux à environ de deux kilomètres du quartier le plus luxueux de la ville, Ouaga 2000.
Notre maison était située en face d’une mosquée, seulement séparée par la rue cahoteuse, et à droite c’était un garage séparé seulement par un mur. Sur la route très poussiéreuse jonchaient des voitures, des carcasses de voitures et des insalubrités causées par le garage et le vent.
Dès les deux premières semaines, une fois nous étions sur le point de rentrer à la maison quand soudain nous apercevions de grandes taches d’huile devant notre barrière. Sans doute, une voiture venait d’y être réparée. Une telle situation nous déplaisait à mourir. J’avais beau tenter de trouver la personne responsable auprès du garagiste en chef et de sa bande. Personne ne voulait désigner le coupable.
Entre temps, le propriétaire du garage est notre garagiste. Quand nous sommes derrière nos quatre murs, sans caméra de surveillance, il n’y avait que les gens du garage qui avaient le plein contrôle sur notre voiture laissée dehors. Ils pouvaient à tout moment saboter notre voiture et mettre en péril la vie de toute la famille. Alors, quelle attitude fallait-il avoir avec ces gars ? Comment réussir à tenir le coup devant un tel scénario de mauvais goût et si frustrant ?
Mon épouse me demandait tout le temps d’exhorter les garagistes à ne pas s’asseoir sous l’amandier planté devant la maison parce qu’ils jetaient par terre absolument tout et attiraient des inconnus. Je ne devais pas me montrer laxiste.
Ainsi, à plusieurs reprises, je suppliai le garagiste en charge de nous aider avec sa bande pour garder les parages plus ou moins propres. Mais cela ne donnait aucun résultat.
Je me suis toujours dit que je ne peux en aucun cas oser transformer ces voisins en des ennemis. Il fallait absolument ménager la chèvre et le chou. Malgré tout, ils devaient nécessairement rester nos alliés, surtout que nous étions des expatriés. C’était fondamental pour moi en particulier.
Nous avons pu vivre dans le quartier pendant deux ans et demi. Je dois vous avouer que jusqu’à aujourd’hui, nous restons de bons amis. Nous avons laissé la capitale pour aller nous installer dans la deuxième ville du pays. Quand nous y revenions par occasion, c’est avec beaucoup de plaisir que nous passions les saluer et causer avec eux.
C’est là que le conseil d’Akhtoi, ancien roi d’Égypte, prodigué deux mille deux cents ans avant Jésus-Christ à son fils, devient intéressant : « Sois diplomate ; tu parviendras plus aisément à tes fins. »
Vivre en paix avec tout le monde
Autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous vos voisins, faites en sorte qu’ils soient vos alliés, mais jamais vos ennemis. Car ils connaissent en grande partie tous vos mouvements. S’ils veulent, pour une raison ou une autre, ils peuvent vous rendre la vie très difficile. Il faut trouver un moyen de ne pas tout accepter tout en restant prudent et respectueux. Si la cohabitation devient insupportable ou impossible, il est important de trouver d’autres solutions appropriées.
Toutefois, force est de reconnaître qu’il y des voisins qui sont très difficiles, contre qui parfois des procès peuvent même être intentés quand les bornes sont vraiment dépassées.
A chacun de trouver la meilleure formule et d’adopter des mesures et principes de vie créatifs pour gérer ou résoudre des conflits. Apprendre à mieux vivre avec les autres est un art. La justice et la paix sont indissociables.
Il est très important d’être ferme sur ses principes de vie, mais il faut avoir beaucoup d’intelligence émotionnelle, de bon sens et de leadership pour vivre en harmonie avec les autres. Il y a des choses qu’on peut quand même négocier. Ce n’est pas la peine de faire appel à la police ou à la gendarmerie pour un rien.
Que vous habitiez en Europe, en Afrique, en Amérique ou en Asie, vous êtes entourés de voisins dont certains peuvent être très hostiles à vous pour des raisons racistes et autres. Alors, pourquoi mettre en jeu votre vie bêtement ?
Soyez diplomate et cherchez à développer votre capacité d’influence! Sachez manier l’art du compromis. Ainsi, vous éviterez certains conflits inutiles.
La seule façon d’influencer le voisin, c’est de lui parler de ce qu’il veut et de lui montrer comment il peut l’obtenir[1].
Dale Carnegie
En cherchant des moyens de cohabitation paisible, tout en considérant vos propres intérêts, n’oubliez pas de prendre aussi en compte ceux des autres. C’est de cette manière qu’on peut parvenir à bâtir de véritables communautés dans le respect des uns et des autres.
Le droit de chacun doit être respecté sans nuire aux autres. Car la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Alors, n’oubliez pas ce principe: Faites de vos voisins des alliés, mais jamais des ennemis.
Bonus
15 conseils pour être un bon voisin
1- Être poli avec tout le monde!
2- Apprendre à connaître vos voisins
3- Être généreux/ Faire preuve de petites attentions
4- Faire attention aux nuisances sonores
5- Rendre les choses prêtées
6- Organiser des repas et prendre part à ceux des autres
7 – Être prêt à rendre services, petits et grands
8- Favoriser l’amitié entre les enfants
9 – Être propre
10- Respecter les règlements de copropriété et de la ville
11 – Rester solidaire
12- Être prévoyant
13 – Respecter l’intimité de vos voisins
14 – Faire attention lors de travaux
15- Être ferme sur ses principes tout en étant ouvert
[1] Dale Carnegie. Comment se faire des amis, p. 55