Il est très important d’avoir des outils solides pour présenter une défense de qualité de la foi ou de l’espérance chrétienne. Dans ce contexte, je vous propose cinq pistes apologétiques tirées de Jean 4.7-26, l’entretien de Jésus avec la femme Samaritaine. Les versets attribués à chaque point qui sont en bleu dans les références concernent les prises de parole de Jésus ( les techniques) et ceux qui ne le sont pas sont de la femme.
1. Engager le dialogue (v.7, 8,9)
⁷ Une femme de Samarie vint puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire. ⁸ Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres. ⁹ La femme samaritaine lui dit: Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine? -Les Juifs, en effet, n’ont pas de relations avec les Samaritains.
Les gens ont besoin qu’on s’adresse à eux. C’est humain. Beaucoup de chrétiens préfèrent afficher une attitude victimaire et d’évitement envers les non chrétiens, surtout ceux qui les taquinent.
En vous adressant à la personne sans aucun préjugé, avec respect et douceur, vous suscitez chez elle de l’intérêt. Vous la valorisez et vous piquez sa curiosité. A ce niveau, vous pouvez commencer par aborder des sujets un peu détendus, comme la famille, le travail, etc. Il suffit de trouver un élément d’accroche. Celui de Jésus était de demander de l’eau, Lui Juif, à une Samaritaine (v.7). Dans beaucoup de cas, c’est préférable d’être seul à seul avec la personne.
2. Exposer un besoin spirituel universel (v.10,11, 12,13,14)
1⁰ Jésus lui répondit: Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: Donne-moi à boire! tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t’aurait donné de l’eau vive. ¹¹ Seigneur, lui dit la femme, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond; doù aurais-tu donc cette eau vive? ¹² Es-tu plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux? ¹³ Jésus lui répondit: Quiconque boit de cette eau aura encore soif; ¹⁴ mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.
Les besoins des gens sont énormes dans le monde. Mais il y en a un qui s’inscrit dans le cœur de tout être humain : le vide spirituel. A ce stade, vous pouvez poser des questions sur l’origine de l’homme, sa mission sur terre et sa destinée, etc. Jésus a posé comme besoin fondamental de la femme l’eau vive qui jaillira jusque dans l’éternité (v.10, 13,14).
Vous pouvez aussi évoquer les tragédies qui frappent le monde et demandez qu’elles en sont les causes. Cela va vous permettre de situer la personne sur les plans théologique et spirituel.
Attendez-vous à des réponses qui vont à l’opposé de la foi chrétienne, à des exposés philosophiques et scientifiques, dépendamment de l’interlocuteur bien sûr. C’est le moment de faire preuve d’écoute active.
3. Confronter les points de vue de la personne (v.15, 16, 17,18, 19)
¹⁵ La femme lui dit : Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus puiser ici. ¹⁶ Va, lui dit Jésus, appelle ton mari, et viens ici. ¹⁷ La femme répondit: Je n’ai point de mari. Jésus lui dit : Tu as eu raison de dire : Je n’ai point de mari. ¹⁸ Car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari. En cela tu as dit vrai. ¹⁹ Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es prophète.
Il est souvent facile pour les gens de dire ce que les autres disent et pensent. Mais c’est souvent gênant d’exposer leurs propres vues. Demander à la personne sa propre vision du monde, ses interprétations de la réalité. Jésus a demandé à la femme d’aller chercher son mari (v.16). Il la mettait en face de ses réalités pour mieux confronter son point de vue. Au final la femme a compris que Jésus était un prophète.
Il y a beaucoup d’incompréhensions et de présuppositions que les gens ont, mais qui n’ont rien à voir avec la foi chrétienne et la vérité. Attendez-vous à ce stade à vous faire insulter. Mais gardez votre calme. Demandez à la personne : si ce que vous pensez n’est pas vrai, voudriez-vous connaître la vérité ? Si elle est d’accord, continuez.
4. Corriger les présuppositions (v. 20, 21-24)
²⁰ Nos pères ont adoré sur cette montagne ; et vous dites, vous, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. ²¹ Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. ²² Vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. ²³ Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. ²⁴ Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité.
Vous devez être non seulement franc et cohérent, mais parfois essayez de concéder pour mieux vous opposer aux points de vue de la personne.
Votre interlocuteur peut être de bonne ou de mauvaise foi. C’est le moment de clarifier certaines questions difficiles en faisant preuve d’humilité. C’est ce que Jésus a fait en corrigeant la conception que la femme avait de Dieu et de l’adoration (v. 21-24). Elle n’a même pas pris le temps d’écouter Jésus. Mais elle a conclu que Jésus voulait lui dire que c’est à Jérusalem qu’il faut adorer. Elle se basait tout simplement sur le fait que Jésus était Juif. Elle pensait être attaquée dans sa tradition et croyance. Avec tact, Jésus a clairement dit à la femme qu’elle adorait ce qu’elle ne connaissait pas.
A ce stade, ne donnez pas encore votre témoignage personnel. Si non la personne peut penser que vous êtes à court d’arguments solides et que vous cherchez sa sympathie en jouant sur ses émotions. Mais exposer en toute objectivité la foi chrétienne en pointant sur Jésus-Christ.
5. Personnaliser le message (v.25, 26)
²⁵ La femme lui dit : Je sais que le Messie doit venir celui qu’on appelle Christ ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses. ²⁶ Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle.
C’est le moment de montrer à la personne que vous n’êtes pas un super héros. Partagez avec elle votre témoignage avec sincérité sans rien exagérer.
Après tout, la foi chrétienne n’est pas que des présuppositions théologiques ou des arguments bien construits basés sur des évidences. C’est l’histoire d’une vie personnelle transformée par le message de rédemption. Au verset 26,Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. » A vous maintenant de dire : « Je le suis, pécheur, moi qui te parle. Mais l’amour de Dieu m’a rattrapé et sauvé. » Vous n’êtes pas l’eau vive. Mais vous l’avez rencontrée.
Pour être mémorisé plus facilement, voici l’acrostiche : EECCP
1. Engager le dialogue
2. Exposer un besoin spirituel universel
3. Confronter les points de vue de la personne
4. Corriger les présuppositions
5. Personnaliser le message
Notre foi chrétienne est trop solide pour la vivre dans l’évitement. Armons-nous de courage, ayant à nos reins la vérité pour ceinture, pour témoigner de l’amour de Dieu, de sa puissance transformatrice et de la nécessité pour tout être humain de réconcilier avec son Divin Créateur. Faisons-le en étant ouvert et ferme sans être fermé, avec amour, douceur et respect.
Cet article est tiré du 19ème chapitre de mon ouvrage Faiseur de disciples ou Faiseur d’aliénés ? Petit traité d’éducation chrétienne du nouveau disciple, disponible sur Amazon. Il (le chapitre) a été retouché pour être adapté à tous les chrétiens.