La christologie est au cœur de la théologie chrétienne. Selon Dr. John Drury, elle est la base de la sotériologie. Si chaque doctrine a sa spécificité, suscite ses propres débats, questionnements et analyses, la christologie reste la plus controversée et débattue tout au long de l’histoire de l’Église et jusqu’à aujourd’hui. Cela est compréhensible puisqu’elle traite de la personne du Christ, de sa nature, de sa vie, de son œuvre et du fait que Jésus est la théologie même de Dieu, le point central de l’histoire du salut. En d’autres termes, selon Stanley Jones, la Parole (Jésus), est l‘interprétation même de Dieu à nous[1]. Pourtant, selon Daniel L. Migliore,
Le Christ vivant est plus grand que toutes nos confessions et tous nos credo, et il dépasse toute notre réflexion théologique à son sujet[2].
C’est ce qui constituera la trame de notre petit essai.
La personne du Christ : Sa nature, son incarnation et sa vie
Qui dit-on que je suis ? Qui dites-vous que je suis ? Ces deux questions posées par Jésus à ses disciples sont un élément clé de la recherche de son identité ou simplement de sa véritable nature, ce qui a été fait tout au long de l’histoire du christianisme. À travers ses enseignements et le sens de sa vie, à travers le credo des apôtres (325 ap. J.-C.), le credo de Nicée (381 ap. J.-C.), la formule de Chalcédoine (451 ap. J.-C.), etc., il est établi que Jésus est de toute éternité le Fils unique de Dieu dans le sens où il a été engendré par le Père, créateur de tout ce qui est visible et invisible, Dieu, de la même substance que le Père (homoousios), le logos incarné et la théologie même de Dieu. Tous ces éléments réunis montrent qu’il est une personne dotée d’une pleine nature divine et humaine.
L’union hypostatique de Jésus démontre sa qualification pour représenter Dieu et la race humaine dans la dynamique de la rédemption. Dans la théologie paulinienne (Philippiens 2,6-8), Jésus est le Dieu qui s’est dépouillé (théorie de la kénose) pour s’identifier au genre humain, c’est-à-dire pour l’élever à la dimension de Dieu. Ainsi, la sotériologie prend en compte non seulement la mort de Jésus-Christ et sa résurrection, mais aussi sa vie, qui illustre parfaitement la volonté de Dieu dans une vie d’obéissance absolue sans commettre de péché.
La personne du Christ : son œuvre (rédemptrice) et sa résurrection
En Jésus sont réunis tous les attributs divins, car il est d’essence divine, et tous les attributs humains afin d’offrir une rédemption complète aux hommes. En tant que second Adam, il est considéré comme notre substitut envoyé par le Père pour résoudre le problème du péché en toute liberté et par pure grâce et amour.
À la fois Prêtre et Sacrificateur, Jésus est présenté comme une victime propitiatoire, compatissant aux faiblesses humaines en intercédant auprès du Père pour le pardon des péchés de tous. En tant que Roi, il est le grand vainqueur de la mort et du séjour des morts, ayant toute autorité au ciel et sur la terre. Il règne dans le cœur de ses enfants et reviendra pour établir son règne éternel pour toujours.
En tant que prophète, toutes les prophéties annoncées à son sujet se sont accomplies, et toutes les prophéties qu’il a prononcées se sont accomplies et sont en voie d’accomplissement. Il est le vrai Prophète qui porte le message de Dieu, proclamant la justice, la paix et l’amour. Comme l’a dit Daniel Migliore,
La prédication de Jésus est plus que la parole d’un prophète ; dans sa prédication, Dieu s’adresse à nous de manière décisive. Jésus ne se contente pas d’annoncer la venue du règne de Dieu ; le règne de Dieu s’incarne dans sa personne et dans son œuvre[3].
La résurrection de Jésus-Christ, prémisse de notre résurrection, est le fondement de l’espérance chrétienne (1 Corinthiens 15), marquant la victoire de Dieu sur le péché et la mort. Ainsi, s’il est mort pour nos péchés, il est ressuscité pour notre justification (Romains 4:25). C’est en acceptant cette double réalité que le pécheur est déclaré juste devant Dieu. Désormais, il n’y a plus pour lui de condamnation (Romains 8,1), car la justice de Jésus lui est imputée par le Père, par la grâce, dont la foi est la réponse libre de l’homme.
En résumé, au-delà de nos stéréotypes, présuppositions, croyances et culture, la personne du Christ ne cesse de nous étonner. Impossible que Jésus passe inaperçu, malgré les controverses que nous pouvons soulever Le concernant, par le simple fait que sa naissance, sa vie, son œuvre, sa mort et sa résurrection constituent plus que des phénomènes isolés, mais des faits historiques et les meilleures choses qui se sont produites dans l’histoire de l’humanité pour nous réconcilier avec Dieu.
Dans son triple office, c’est-à-dire prêtre, roi et prophète, Jésus continue d’œuvrer dans l’histoire humaine pour que la volonté de Dieu soit faite sur la terre comme est faite elle dans le ciel. Si sa double nature nous laisse encore sur notre soif de mieux Le connaître ou L’expliquer, Jésus ne cesse de nous aimer et de désirer construire une relation d’amour avec nous. C’est uniquement grâce à sa résurrection que nous pouvons réellement naître de nouveau, c’est-à-dire être justifiés et espérer une éternité glorieuse dans le nouveau monde.
[1] Richard J. Foster and James Bryan Smith: Devotional Classics: Selecting Readings for Individuals and Groups (New-York: HaroerOne, 1990), p.282
[2] Daniel L. Migliore, Faith Seeking Understanding: An Introduction to Christian Theology (3rd ed). (Eerdman’s, 2014), Scribd, p. 342/926
[3] Daniel L. Migliore, p.256/926